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Meyrin (GE)Davantage de policiers mobilisés pour flasher les autos
Les agents municipaux peuvent désormais traquer les conducteurs trop pressés. Jusqu’ici, seule la police cantonale était compétente. Meyrin est la première commune à se lancer.
«Ce n’est jamais agréable d’être amendé, soupire Jacques, penaud au volant de sa voiture. Je ne savais pas que ces policiers-là faisaient des contrôles; ça m’incitera à faire encore plus attention.» L’excès est minime, la douloureuse n’est que de 40 francs, mais la pratique est novatrice. Chasse gardée des forces de l’ordre cantonales, les radars mobiles sont désormais aussi en mains des agents municipaux, au bout du lac. Le transfert de compétences est effectif depuis un mois. Meyrin est la première municipalité à réaliser des contrôles volants, depuis ce mercredi. A priori, d’autres attendent les résultats meyrinois pour embrayer. Ce partage des rôles existe déjà ailleurs en Suisse, notamment dans le canton de Vaud.
Plus proches du terrain
Entre forces cantonales et communales, il y a désormais davantage d’agents lancés dans la chasse aux infractions routières. Ce qui n’induit pas forcément une explosion des contrôles. «C’est plutôt un partage des tâches», commente Eric Cornuz, conseiller administratif chargé de la Sécurité. Les pandores du canton poursuivront leurs opérations sur les grands axes, «de notre côté, avec notre expérience et notre connaissance de terrain local, nous pouvons mieux cibler les zones ou les périodes à risques».
Priorités pour la ville de Meyrin, qui compte 26’000 habitants et 28’000 emplois: les abords des écoles lors des rentrées scolaires. Mais aussi les secteurs 40, 30 et 20 km/h, appelés à se développer et «où certains continuent à appuyer sur le champignon».
D’abord dissuader
Responsable de la police meyrinoise, David Marti estime que les nouvelles compétences de ses agents doivent d’abord servir à la dissuasion: «On ne se cache pas derrière des buissons pour flasher les contrevenants, on reste visibles, pour prévenir les excès.»
La répression comporte aussi quelques avantages. «Nous effectuons les contrôles mobiles et un peu plus loin sur la route, des policiers arrêtent les véhicules fautifs pour dresser immédiatement une contravention. Cela nous permet d’expliquer, d’avoir un rôle éducatif en quelque sorte; ce qui est évidemment impossible en envoyant une contravention par la poste.»
L’argent: pas important
Le produit des amendes infligées par les agents municipaux filera dans les caisses de la commune. Le magistrat Eric Cornuz sourit, et assure que l’aspect financier n’est pas une priorité: «Ce n’est pas avec cela qu’on va assainir nos finances.»
La décision d’autoriser les agents municipaux à utiliser des radars mobiles remonte à 2016, a indiqué David Marti. Il aura donc fallu six ans pour concrétiser la mesure. Les adaptations réglementaires ainsi que les allers-retours administratifs entre le Ministère public, le Canton et les communes ont pris du temps, tout comme la procédure nécessaire à l’acquisition d’un pistolet radar. Ce dernier a une portée de plusieurs centaines de mètres et donne des résultats immédiats. Il est aussi plus précis qu’un engin fixe. Du coup la tolérance en matière de dépassement des vitesses autorisées est moindre. La police cantonale a réalisé 438 contrôles de radar mobile à Genève, en 2022, avant celui opéré mercredi par les forces de l’ordre meyrinoises.