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Pyongyang a tiré mercredi au moins 10 missiles de types variés, a rapporté l’armée sud-coréenne. L’un de ces missiles a franchi la frontière maritime disputée entre les deux voisins et est tombé près des eaux sud-coréennes, ce qui constitue « une invasion territoriale de fait », selon le président sud-coréen. Peu après, Séoul a répliqué en tirant trois missiles air-sol.
La Corée du Nord a tiré mercredi 2 novembre au moins 10 missiles de types variés, dont l’un tombant près des eaux territoriales sud-coréennes, et ce pour « la première fois » selon l’armée de Séoul, qui a répliqué en tirant trois missiles air-sol.
« (Ce) lancement de missile nord-coréen est très inhabituel et inacceptable, étant donné qu’il est tombé près des eaux territoriales sud-coréennes au sud de la Ligne de limite du Nord pour la première fois » depuis que la péninsule se trouve divisée, a expliqué Kang Shin-chul, directeur des opérations pour l’état-major interarmées aux journalistes.
« La Corée du Nord a tiré au moins 10 missiles de types variés aujourd’hui vers l’Est et l’Ouest », a indiqué l’état-major interarmées de Séoul. Une alerte au raid aérien diffusée par les autorités sur la télévision nationale a demandé aux habitants de l’île d’Ulleungdo « d’évacuer vers l’abri souterrain le plus proche », a indiqué l’état-major interarmées. « Nous déclarons que notre armée répondra de manière décisive à cela », a-t-il ajouté.
Quelques minutes plus tard, l’armée sud-coréenne a affirmé avoir tiré trois missiles air-sol de précision dans les eaux « près de la Ligne de limite du Nord à une distance correspondant à la zone où le missile nord-coréen a frappé ». Ce geste montre que Séoul répondra « sévèrement à toute provocation », ajoute le communiqué.
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol avait convoqué plus tôt une réunion du Conseil national de sécurité au sujet du tir nord-coréen, qui, selon les analystes, est l’un des plus « agressifs et menaçants » depuis plusieurs années. Yoon Suk-yeol a « souligné que la provocation nord-coréenne est une invasion territoriale de fait par un missile qui a franchi la Ligne de limite du Nord pour la première fois depuis la division » de la péninsule, a déclaré la présidence dans un communiqué.
Le Japon a également confirmé le lancement de missiles balistiques nord-coréens présumés, les garde-côtes recommandant aux navires de faire attention. Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a déclaré aux journalistes vouloir « tenir une réunion sur la sécurité nationale dès que possible » en raison de « l’augmentation des tensions dans la péninsule coréenne ».
Tempête vigilante
Séoul et Washington organisent actuellement le plus grand exercice aérien conjoint de leur histoire, baptisé « Tempête vigilante » (Vigilant Storm), auquel participent des centaines d’avions de guerre des deux armées.
Pak Jong-chon, maréchal nord-coréen et secrétaire du Parti des travailleurs au pouvoir, a déclaré ces exercices agressifs, selon un rapport publié mercredi par la presse officielle nord-coréenne. Selon lui, le nom de ces manœuvres fait écho à l’opération « Tempête du désert », nom donné aux opérations militaires de la coalition conduite par les États-Unis contre l’Irak en 1990 et 1991 après l’invasion du Koweït.
« Si les États-Unis et la Corée du Sud tentent d’utiliser leurs forces armées contre la (République populaire démocratique de Corée) sans crainte, les moyens spéciaux des forces armées de la RPDC accompliront leur mission stratégique sans délai », a déclaré Pak Jong-chon, selon l’agence d’Etat KCNA. « Les États-Unis et la Corée du Sud devront faire face à une terrible affaire et payer le prix le plus horrible de l’histoire », a ajouté Pak Jong-chon.
Près de la Corée du Sud
L’un des missiles a amerri dans des eaux situées à seulement 57 kilomètres (35 miles) à l’est du continent sud-coréen, a indiqué l’armée sud-coréenne.
« Pour protester contre l’exercice conjoint des Etats-Unis et de la Corée du Sud, Pyongyang semble avoir organisé la plus agressive et menaçante démonstration (de force) contre le Sud depuis 2010, a déclaré à l’AFP Cheong Seong-chang, chercheur à l’institut Sejong.
En mars 2010, un sous-marin nord-coréen avait torpillé une corvette sud-coréenne, le Cheonan, tuant 46 marins dont 16 effectuaient leur service militaire obligatoire. En novembre de la même année, le Nord avait bombardé une île frontalière sud-coréenne, causant la mort de deux jeunes soldats.
Ce tir de missiles nord-coréens survient après une série de lancements, notamment de ce que le Nord a qualifié d’exercices nucléaires tactiques. Washington et Séoul avertissent de manière répétée que Pyongyang pourrait effectuer un nouvel essai nucléaire, qui constituerait le 7e de son histoire.
« Aussi longtemps que je me souvienne, la Corée du Nord n’a jamais procédé à une telle provocation lorsque la Corée du Sud et les États-Unis menaient des manœuvres conjointes », a décrit à l’AFP Park Won-gon, professeur à l’université Ewha. « Pyongyang semble avoir achevé sa plus puissante (mesure de) dissuasion. C’est une grave menace. Le Nord semble également confiant dans ses capacités nucléaires. »
Avec AFP