Saisi par plusieurs associations écologistes, le tribunal administratif de Grenoble a suspendu mardi 25 octobre un arrêté préfectoral autorisant le lancement de travaux pour la construction d’une retenue collinaire destinée à alimenter en neige la station de ski de La Clusaz (Haute-Savoie), au nom de la protection de l’environnement.
« L’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite », estime le juge des référés dans son ordonnance publiée sur le site du tribunal.
La retenue d’eau devait être creusée en montagne sur le site de la Colombière, actuellement occupé par des militants écologistes qui y sont opposés. Le tribunal a été saisi en urgence par plusieurs associations régionales dont France Nature Environnement, La Nouvelle Montagne, Mountain Wilderness France et la Ligue de protection des oiseaux.
Pour le juge, « la condition d’urgence est remplie du fait que les travaux de défrichement sont prévus en octobre-novembre 2022 et que les opposants au projet qui occupent le site sont susceptibles d’être expulsés par les forces de l’ordre à brève échéance ».
Un projet à 10 millions d’euros
Critiquant la « légalité » de l’arrêté préfectoral d’autorisation de défrichement publié fin septembre, le juge condamne l’Etat aux dépens, pour un montant de 1 200 euros.
Le projet d’un coût de 10 millions d’euros prévoit de creuser 148 000 m3 dans la montagne, sur une « surface au sol de cinq terrains de football » pour « assurer l’enneigement du domaine skiable à hauteur de 45 % », selon les militants du groupe Extinction Rebellion qui occupent le site.
« Cela coûtera l’extermination de cinquante-huit espèces protégées », avec « saccage » d’un bois, « mise en péril de zones humides » et « condamnation de la vie piscicole » d’un ruisseau, avec « une dépense en énergie faramineuse pour l’acheminement de l’eau », selon la même source.
Pour le maire de La Clusaz, Didier Thévenet, le bassin de rétention d’eau est indispensable pour soutenir l’économie de la station de moyenne montagne et l’emploi de ses habitants, très dépendant du tourisme, alors que l’enneigement pâtit du réchauffement climatique et que l’eau potable risque de manquer du fait de l’irrégularité croissante des précipitations.