Publié le : Modifié le :
La France a procédé, jeudi, à de nouveaux rapatriements d’enfants et de femmes qui avaient rejoint les territoires contrôlés par les organisations jihadistes pendant l’existence du Califat territorial de du groupe État islamique. Un sujet délicat dans un pays marqué par les attentats de 2015.
La France a annoncé, jeudi 20 octobre, avoir procédé à une nouvelle série de rapatriements d’enfants et de femmes des camps de prisonniers jihadistes en Syrie. Quinze femmes et 40 enfants qui étaient détenus dans le nord-est du pays sont arrivés cette nuit à 3 h 30 locales (1 h 30 GMT) à Villacoublay, en région parisienne.
Selon une source sécuritaire, il s’agit de 14 mères, une femme jeune majeure sans enfant et 40 mineurs.
« Les mineurs ont été remis aux services chargés de l’aide à l’enfance et feront l’objet d’un suivi médico-social. Les adultes ont été remises aux autorités judiciaires compétentes », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
C’est la plus grosse opération de rapatriement de ce type depuis trois mois, quand 16 mères et 35 mineurs avaient été rapatriés le 5 juillet. Entre-temps, une femme et ses deux enfants avaient été ramenés début octobre.
>> À lire : Rapatriement d’enfants de jihadistes : la fin de la doctrine française du « cas par cas » ?
« La France remercie les autorités locales du nord-est de la Syrie (les autorités kurdes, NDLR) pour leur coopération, qui a rendu possible cette opération », indique le Quai d’Orsay.
Ces femmes font partie de ces Françaises qui s’étaient rendues volontairement dans les territoires contrôlés par les groupes jihadistes en zone irako-syrienne et qui ont été capturées lors de la chute du groupe État islamique (EI) en 2019. Parmi les enfants, de nombreux sont nés sur place.
« Dans les camps contrôlés par les Kurdes, on parle de 210 enfants et d’un peu moins d’une centaine de femmes françaises encore sur place dans l’est de la Syrie », explique notre journaliste Wassim Nasr.
« Le rythme (des rapatriements) s’accélère car les conditions le permettent et l’exigent. Il y a l’aspect du retour des activités de l’État islamique – les attaques de l’EI en Syrie autour des camps de prisonniers ces dernières semaines – et il y a l’aspect géopolitique avec le rapprochement entre Damas et Ankara », précise de le spécialiste des réseaux jihadistes.
La France condamnée par la CEDH
Environ 300 mineurs français ayant séjourné dans des zones d’opération de groupes terroristes sont rentrés en France, dont 77 par rapatriement, a indiqué, début octobre, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, lors d’une audition devant le Sénat.
Le sujet est sensible en France, pays frappé à plusieurs reprises par des attentats jihadistes – et particulièrement ceux du 13 novembre 2015 à Paris et en banlieue parisienne, qui ont fait 130 morts – fomentés par le groupe EI.
Sous la pression des familles de ces femmes jihadistes détenues dans des conditions particulièrement dures dans des camps de prisonniers, la France a longtemps procédé à des rapatriement mesurés, décidés au cas par cas.
Mais le 14 septembre, la Cour européenne des droits de l’Homme, saisie par les parents de deux de ces femmes, a condamné la France pour ne pas avoir étudié de manière appropriée ces demandes.
Après cela, le ministère des Affaires étrangères s’était dit prêt à « envisager » de nouveaux rapatriements « chaque fois que les conditions le permettraient ».
En juillet, les autorités en charge de la lutte anti-terroriste avait indiqué qu’il restait une centaine de femmes et près de 250 enfants dans les camps syriens.
Avec AFP