La dissolution de l’Assemblée nationale, à gauche, il y a ceux qui l’attendent encore, bravaches, même si la musique de « Mélenchon premier ministre » est passée en sourdine. Et ceux, nombreux, qui espèrent surtout qu’elle n’aura pas lieu. Un temps plombés par les affaires Quatennens et Bayou, plus récemment remis en selle par l’actualité sociale sur fond de crise dans les raffineries, les députés de gauche sont nombreux à redouter un raz de marée du Rassemblement national (RN) si les Français devaient revoter pour leurs députés.
Ils partagent un premier constat : l’usage selon eux abusif de la menace de dissolution par Emmanuel Macron. En cas de motion de censure sur les retraites, « je dissous tout de suite », a assuré le chef de l’Etat devant sa majorité, fin septembre. Le conseil des ministres, mercredi 12 octobre, a autorisé le gouvernement à utiliser l’article 49.3 de la Constitution – qui lui permet l’adoption d’un texte sans vote au Parlement en engageant sa responsabilité – pour faire passer le projet de loi de finances. Le signal que le bras de fer est enclenché et que les motions de censure, l’outil phare des députés pour témoigner de leur désapprobation à l’égard du gouvernement et l’obliger à démissionner, sont pour bientôt.
Celle de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) est presque prête, elle est même présignée, afin de pouvoir la déposer au plus vite, dans les quarante-huit heures suivant le 49.3 mais surtout avant le RN. Un enjeu de taille, car déposer en premier et avec le plus grand nombre de signataires (la Nupes en compte potentiellement 151, le RN 89) augmente la probabilité que le texte de gauche soit examiné en premier. Dans le cas contraire, « insoumis », communistes, socialistes et écologistes seraient forcés d’étaler leurs divergences devant une motion émise par le RN.
Ne pas se salir les mains
Au sein de La France insoumise (LFI) circule une idée qui divise, celle de voter, pourquoi pas, le texte du RN. Le député des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard a avancé l’idée de « voter l’ensemble des motions de censure qui seraient déposées ». Il est le seul à LFI à l’avoir dit aussi clairement. Au sein du groupe, il y a eu débat, certains souhaitaient afficher, par principe, l’impossibilité de voter un texte RN. D’autres refusaient de s’engager sur la ligne « pas un vote avec le RN » car cela revenait, selon eux, à dire à Emmanuel Macron que jamais son gouvernement ne serait démis. Mais tout en s’arrangeant en pratique pour ne pas avoir à se salir les mains en votant une motion RN.
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