Victime de propos désobligeants, le restaurant coréen du secteur Sillery, à Québec, qui se trouve au cœur d’une polémique linguistique ferme sa salle à manger.
• À lire aussi: Polémique linguistique: Villeneuve et Smith critiquent fortement le maire
Au cœur d’une polémique linguistique, le restaurateur d’origine coréenne a dû débrancher son téléphone vendredi à cause de nombreux messages menaçants. Cela dit, les marques de solidarité reçues ces dernières heures le réconfortent, a-t-il soutenu.
Depuis mercredi, Joe – qui ne veut pas dévoiler son nom complet pour protéger sa famille – affirme recevoir 10 à 20 coups de fil quotidiens au ton menaçant.
Le fait que le service ne soit pas offert en français dans son établissement, le Bab Sang, et que le menu ne soit pas entièrement écrit en français l’a plongé au cœur d’un débat sur la place du français dans les commerces.
« J’ai dû débrancher mon téléphone. Mon restaurant offre seulement du prêt-à-emporter [en ligne] maintenant. Mon rôle est de protéger mes employés », a glissé Joe, vendredi midi, dans une entrevue accordée en anglais.
Dépassé par les événements
Visiblement dépassé par les événements, ce dernier a avoué songer à déménager à Montréal ou dans une autre province canadienne, même si son restaurant a ouvert sur l’avenue Maguire il y a à peine trois mois.
Cela dit, les nombreux messages de soutien reçus lui ont fait beaucoup de bien. Il a tenu à saluer les commerçants et les nombreux anonymes qui ont spontanément offert de l’aider à servir ses clients en français depuis que cette histoire a éclaté.
« Je vais avoir un employé qui parle français pendant deux soirs en semaine, les jeudis et les vendredis soir. Croyez-moi, c’est très difficile de recruter », a-t-il ajouté.
Un appui pour le maire
Le maire Marchand a par ailleurs reçu l’appui de Benoit Songa, directeur général du Centre R.I.R.E. 2000, organisme qui œuvre depuis 1996 à l’intégration socioéconomique des membres de communautés culturelles en favorisant notamment la francisation.
D’après lui, « le propriétaire [du restaurant] a fait preuve d’une petite insouciance. Il aurait dû savoir [les règles] ».
Même s’il soutient « ne pas connaître le contexte » entourant cette affaire, M. Songa a ajouté que le commerçant aurait pu embaucher des employés en leur offrant « de bonnes conditions » de travail.
Benoit Songa a par ailleurs jugé qu’il est « normal » que le maire soit « ferme » dans sa défense de la langue française.