Plus de cinq ans après l’avènement du mouvement de dénonciation #MeToo, il reste encore énormément de travail à faire pour améliorer le système de justice et encourager les victimes à dénoncer, estiment des groupes de défense des victimes.
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En octobre 2017, le New York Times publiait un reportage dévoilant de nombreuses accusations de violence sexuelle contre le producteur américain Harvey Weinstein. Ces révélations sont à l’origine d’un mouvement planétaire qui continue d’avoir des répercussions en 2022.
Depuis, les histoires d’inconduites sexuelles continuent de se multiplier et la gestion de ces dossiers, comme chez Hockey Canada, est souvent pointée du doigt.
Chemin à parcourir
De plus, les peines infligées aux agresseurs, comme le cas de l’ingénieur Simon Houle qui a reçu une absolution pour une agression sexuelle, montrent tout le chemin à parcourir, souligne Mélanie Lemay, militante pour le mouvement #MeToo et cofondatrice de Québec contre les violences sexuelles.
« Ces situations-là, c’est ce que l’on voit tous les jours depuis des années, laisse-t‐elle tomber. Et des histoires [comme l’abso-lution de l’ingénieur], on dit que c’est des cas isolés, mais il y a une enquête qui a prouvé que dans les cinq dernières années, il y en a eu peut-être 150. »
Elle estime d’ailleurs que Hockey Canada fait la démonstration parfaite d’un déni viscéral de sa responsabilité dans ce dossier.
« Et ce déni, il s’observe aussi de la part de la classe politique et des différents acteurs du milieu judiciaire ; ce qu’ils veulent à tout prix, c’est garder la confiance publique », poursuit Mme Lemay.
Un baume
Monique Villeneuve, directrice générale du Centre de prévention et d’intervention pour victimes d’agression sexuelle (CPIVAS), croit, elle aussi, qu’il reste beaucoup de travail à faire. Néanmoins, elle estime que le mouvement a apporté du positif.
« Les violences sexuelles sont reconnues dans l’espace public. Ç’a été un baume pour notre clientèle, fait-elle valoir. [Mais] il faut des peines plus sévères pour les agresseurs, afin de lancer le signal aux victimes de porter plainte. »
Le projet d’un Tribunal spécialisé annoncé récemment est un bon début, mais son efficacité reste encore à voir.
« Les raisons pour lesquelles les victimes ne portaient pas plainte sont restées les mêmes, parce qu’il n’y a pas eu de changement au niveau de la justice », souligne Mme Lemay.
Elle admet qu’il y a eu un bond important des plaintes pour agressions sexuelles au Québec, depuis le mouvement. Il y a eu également un bond de déceptions chez les victimes.
« Il va falloir une bonne dose d’humilité, autant du milieu politique que judiciaire, pour s’asseoir et intégrer dans leur grande table de réflexion la voix des victimes », conclut-elle.