Le gouvernement Legault refuse de verser les 41 M$ demandés par Sainte-Marthe-sur-le-Lac pour les travaux de la digue qui a cédé en avril 2019, tant que la Ville n’acceptera pas de devenir propriétaire du muret.
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« On va débloquer les fonds lorsqu’il [le maire] signera la convention, pas avant », affirme à notre Bureau d’enquête Sylvie D’Amours, députée de la circonscription de Mirabel pour la Coalition Avenir Québec.
C’est la première fois que Québec adopte une position aussi tranchée concernant la digue dont le bris avait entraîné l’évacuation de 6000 personnes en 2019.
Depuis ces tristes événements, la Ville peine à se sortir la tête de l’eau. Elle est impliquée dans un bras de fer avec le gouvernement sur le financement des travaux de renforcement et la propriété de la digue.
« Du chantage »
L’infrastructure appartient au gouvernement provincial depuis sa construction à la fin des années 1970. Mais depuis la fin des travaux de renforcement en 2020, Québec prétend que la digue appartient désormais à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, une question sur laquelle les tribunaux auront à se pencher.
En entrevue, le maire François Robillard explique qu’il refuse les termes de l’entente de financement des travaux soumise par Québec, qui stipule que la Ville deviendra propriétaire du mur.
Il affirme qu’en signant le document, il dégagerait le gouvernement de toute responsabilité future concernant la digue.
« Ça, c’est du chantage. Moi, je suis prêt à négocier de bonne foi, mais il faut que les termes soient clairs », dit-il.
À ce jour, la Ville a dû effectuer des emprunts totalisant 51 M$ en lien avec la digue depuis 2019. « Présentement, on enlève de l’argent de nos contribuables pour le donner à une banque, ce qui n’a aucun bon sens », se scandalise M. Robillard.
Poursuites
Les intérêts sur le prêt ont doublé depuis le début de l’année, passant de 60 000 $ à 120 000 $ par mois, peut-on lire dans une lettre qu’il a fait parvenir aux Marthelaquois.
« Je sympathise avec M. Robillard, mais le gouvernement ne peut pas faire d’exception pour sa ville. Deux-Montagnes et Saint-Joseph-du-Lac ont signé la même convention [pour des digues sur leur territoire] », rétorque Mme d’Amours.
En parallèle, des poursuites judiciaires intentées par des résidents et des assureurs contre la Ville, qui se chiffrent à plus de 45 M$, ne sont toujours pas réglées.
UNE SAGA DE PLUS DE TROIS ANS
- 27 avril 2019 : la digue cède et inonde Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
- 10 mai 2019 : la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, informe la Ville que dans l’éventualité d’une entente entre Québec et Ottawa, elle se fera rembourser 80 % des dépenses admissibles pour la reconstruction de la digue. Cette entente ne sera jamais conclue.
- Du 15 août 2019 au 11 avril 2022 : la Ville emprunte 53 M$ pour la réparation de la digue, ainsi que la construction et l’entretien du nouveau mur.
- 14 septembre 2022 : la Ville prévoit augmenter l’emprunt à 55 M$.