Ce ne sont plus des funérailles, c’est une sorte de gigantesque parade. Des horse guards en grande tenue, des oriflammes accrochées aux arbres, la musique déchirante et gaie des cornemuses, et ces symboles du pouvoir, couronne, sceptre et orbe en or, posés sur un cercueil recouvert de l’étendard royal de soie rouge tissé de lions dorés… Les triomphes romains, au temps des Antiques, devaient ressembler à cette longue et étonnante procession à travers les rues de Londres, parmi une foule jetant des fleurs. Quelque chose d’à la fois spectaculaire, anachronique et splendidement pompeux.
Le visage d’Elizabeth II est encore partout, dans les vitrines des boutiques fermées pour la circonstance, mais au bout de dix jours de deuil national, l’émotion des Britanniques a fait place à une sorte de joie d’être de ce moment de communion nationale.
Il fait beau. Des amis ont passé la nuit dans de petites tentes, plantées le long du parcours qui mène de Buckingham à Westminster, afin de ne rien manquer de la procession, ce lundi 19 septembre. Et c’est encore un étonnement supplémentaire que de voir cette foule où se mêlent jeans, jogging et mourning dress, ce costume noir dont la veste un peu longue habille les hommes portant le deuil.
Sur le parvis de l’abbaye de Westminster, les caméras et les téléobjectifs des photographes saisissent les invités les plus prestigieux qui arrivent, près d’une heure avant le début de la messe de funérailles. L’ancien premier ministre britannique Tony Blair a les cheveux tout blancs, désormais, lui qui paraissait si sémillant au 10, Downing Street, à la fin des années 1990. Seuls à pouvoir venir dans leur propre voiture blindée, le président américain Joe Biden et son épouse, Jill, ont précédé de quelques secondes les Européens. La présidente de la Commission Ursula von der Leyen, le président allemand Frank-Walter Steinmeier et son chancelier, Olaf Scholz, le président italien Sergio Mattarella, et le chef du gouvernement irlandais Michael Marti.
Dictateurs écartés
Et, bien sûr, Emmanuel et Brigitte Macron, coiffée d’un chapeau à voilette noire. La BBC répète à l’envi les mots du french president sur « l’amitié chaleureuse de la France » envers la reine et les Britanniques. La veille, les Macron, en jeans et baskets, s’étaient discrètement baladés dans Londres, frappés par l’ampleur des préparatifs pour ces funérailles exceptionnelles.
Maintenant, arrivent les dirigeants des cinquante-six pays membres du Commonwealth : la première ministre de la Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern, le premier ministre canadien Justin Trudeau et son homologue australien, Anthony Albanese, les présidents indiens et sri-lankais, le chef du gouvernement du Bangladesh.
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