« Tout notre travail a pour but d’aider les entreprises à rester ouvertes, et pas à fermer. » Après Elisabeth Borne, la première ministre, qui assurait à la mi-septembre lors de la présentation des mesures d’accompagnement face à la crise énergétique, que « la sobriété, ce n’est pas produire moins », Bercy enfonce le clou : les usines, les entrepôts et les commerces doivent continuer à fonctionner malgré la flambée des prix de l’énergie.
Mais n’en déplaise aux antiennes de l’exécutif, de plus en plus d’usines annoncent réduire leur production, parfois même l’interrompre, comme autant de clignotants qui s’allument pour alerter sur la gravité de la situation.
Production stoppée pour cinq mois dans le Loiret chez Duralex, possible arrêt dans le Nord de l’aciérie LME à compter du 31 octobre, activité au ralenti chez ArcelorMittal ou même divisée par deux chez Arc France… la liste ne cesse de s’allonger. A Custines (Meurthe-et-Moselle), près de Nancy, c’est une usine spécialisée dans les alliages qui appartient au groupe Le Bronze-Alloys, et emploie trente-deux salariés qui a annoncé sa fermeture vendredi 16 septembre. « On savait que le coût de l’énergie allait exploser et on voyait de moins en moins de pièces en frappe arriver à l’atelier », raconte Yohann Claudon, représentant du personnel Force ouvrière (FO), et opérateur sur machine.
Au-delà de la sidérurgie, de la verrerie ou de la métallurgie, particulièrement énergivores, des dizaines de milliers de sociétés de toutes tailles sont menacées. Plus de la moitié des entreprises de taille intermédiaire, à l’activité le plus souvent industrielle, « risquent de devoir réduire leur activité » si les prix de l’énergie ne reviennent pas à la raison, « et 7 % de l’arrêter », indique le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI).
Des aides jugées trop complexes
Parmi les 22 000 adhérents de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF, principalement dans le secteur de la grande consommation), 42 % prévoient une baisse de leurs marges de plus de 30 % d’ici à la fin de l’année, indique Léonard Prunier, le nouveau président de l’organisation. La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) estime pour sa part, sur la base d’enquêtes réalisées auprès de ses adhérents, que 150 000 entreprises sont menacées. « Si rien n’est fait, on est dans une impasse », alerte son président, François Asselin.
Certes, l’exécutif a mis en place des mesures pour accompagner les entreprises, mais elles sont jugées trop complexes – la ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme Olivia Grégoire a d’ailleurs annoncé, lundi, que le dispositif allait « probablement » être simplifié – et leur périmètre trop restrictif. Face aux prix « multipliés par dix ou par quinze » lors de la renégociation des contrats entre les entreprises et leurs fournisseurs d’énergie, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, réclame « un plafonnement du prix de l’électricité ».
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