A l’heure où Yvon Chouinard, président fondateur de Patagonia, annonce céder gratuitement son entreprise « à la planète Terre », le modèle des fondations actionnaires, que la communauté De facto, qui fédère les entrepreneurs français, pionniers du modèle des fondations actionnaires porte, est une réponse à la française au défi de la transmission des entreprises et de la contribution au bien commun. Qu’attend-on pour le faire connaître et l’adopter ?
Jamais dans les discours publics les termes de sobriété, de renoncement, de réindustrialisation, de souveraineté économique, d’emploi, de territoire, de solidarité, n’ont été aussi présents. Nous, entrepreneurs membres de la communauté De facto (dynamique européenne en faveur des fondations actionnaires), avons décidé de relever ces défis.
Nous sommes une vingtaine d’entrepreneurs, de tous secteurs et de toutes tailles d’entreprises confondus, à avoir déjà fait le choix de transmettre volontairement une partie significative, voire la totalité des parts de nos entreprises, à une « fondation actionnaire » créée à cet effet.
Un choix radical, politique et engagé
Cette dépossession n’est pas sacrificielle. Elle est un choix radical, politique et engagé. Nous pensons que l’entreprise est un collectif, un bien commun qui nous dépasse, et qui ne peut se résumer à un capital financier privé, dont nous aurions la jouissance exclusive ni la liberté de disposer. Nous souhaitons protéger et développer l’entreprise, être fidèle à ses valeurs fondatrices, maintenir l’emploi et renforcer son attractivité sur le territoire national.
Nous sommes aussi déterminés à prendre part à la transition écologique et solidaire, si urgente, en soutenant des projets d’intérêt général financés, notamment par les dividendes perçus par ladite fondation. Bien plus dotées que les fondations « classiques », nos fondations actionnaires peuvent apporter demain des relais puissants de contribution au bien commun.
Pérennes par nature, puisqu’une fondation ne peut être ni vendue ni achetée, elles incarnent un actionnariat stable et de long terme, pleinement compatibles avec l’actionnariat salarié et/ou d’autres investisseurs capables d’accompagner la prospérité de nos entreprises. Face à un capitalisme trop financiarisé qui s’essouffle, nous proposons, avec la fondation actionnaire, un modèle alternatif qui permet un nouveau partage de la valeur.
Loin d’être une vue de l’esprit, ce modèle, encore trop méconnu en France, est particulièrement présent chez nos voisins nord-européens. Bosch (Allemagne), Rolex (Suisse), Carlsberg ou Velux (Danemark) appartiennent à des fondations. Au Danemark, le poids économique des fondations actionnaires représente 10 % de la richesse nationale. On compte ainsi mille trois cents fondations actionnaires au Danemark, plus de mille en Suède et en Allemagne, plus d’une centaine en Suisse… Qu’attend-on pour les encourager en France et surtout en être fiers ?
Il vous reste 37.79% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.