Quelle hypocrisie! Netflix censure un épisode de la série Les filles de Caleb parce qu’on y voit Roy Dupuis avec le visage barbouillé en noir, mais diffuse des tonnes de séries où les personnages ont le visage barbouillé en rouge… car le sang y coule à flots!
Ovila Pronovost qui se déguise en roi mage dans un petit village de Mauricie à la fin du 19e siècle? Interdit, ouache, vilain!
Mais montrer un tueur en série qui bouffe ses victimes, ça, y’a pas de problème! La série Dahmer-Monstre, sur l’histoire vraie de Jeffrey Dahmer qui a fait 17 victimes, est la deuxième série la plus écoutée de toute l’histoire de Netflix… et aucun épisode n’a été retiré des ondes.
Les contraventions du tofu
Pendant que Netflix censure allègrement une émission québécoise qui va être vue à travers le monde, au Québec aussi, la petite Police de la bien-pensance fourbit ses armes.
Cette semaine, le Conseil québécois des événements écoresponsables (CQEER) a publié une étude sur «le nombre d’écogestes», mais aussi «de comportements qui nuisent à la planète, vus à l’écran».
Des doctes personnes ont analysé des dizaines d’épisodes des émissions les plus populaires, depuis le début 2022 (District 31, Toute la vie, La faille ou encore 5e rang).
Et quels sont ces mauvais comportements qui ont été dénichés? «Le fait de rouler en solo dans un gros véhicule polluant, de boire dans un gobelet à usage unique ou encore de jeter à la poubelle un déchet recyclable ou compostable».
Misère! Il y a vraiment des chercheurs qui ont pris leur crayon, leur papier, et qui ont compté le nombre de fois où on a utilisé des pailles dans une série québécoise?
Au secours, l’heure est grave, on tue la une ! Le vilain commandant Chiasson a jeté à la poubelle un contenant qui aurait dû aller au recyclage! Mais quel mauvais exemple pour notre belle jeunesse!
Plus je lisais les détails de cette étude, plus j’étais morte de rire. Non, mais, ces gens-là s’écoutent-ils parler?
Caroline Voyer, du Conseil, déplore que «le tri des matières résiduelles reste invisible à l’écran».
«Cela encourage la pensée magique selon laquelle les matières disparaissent sans qu’on ait de responsabilités liées à ça», a-t-elle expliqué le plus sérieusement du monde à Radio-Canada.
Mais attention, la police du tofu a aussi des solutions pour rendre nos écrans plus verts.
«Une série ou un film pourrait montrer un personnage conduisant un véhicule moins énergivore qu’un VUS, éteignant le moteur de sa voiture dès qu’il arrive à destination, mangeant un plat végétarien plutôt qu’un bifteck, ou se déplaçant à vélo.»
Autrement dit, il faudrait que notre télé ne montre que des citoyens exemplaires qui mangent des pois chiches bio équitables et qui s’essuient les fesses avec du papier de toilette en bambou fabriqué à partir de résidus récoltés par des employés non binaires.
Vive le compost!
Une prof de l’UQAM a commenté l’étude : «Dans le cas des séries qui mettent l’accent sur le quotidien de la vie familiale, on voit des fois les parents vider les assiettes dans la poubelle. On pourrait sans trop de problèmes montrer le père ou la mère vider les assiettes dans un bac à compostage».
Voilà un combat qui mérite toute notre attention!