Elle sera l’une des menaces principales pour les Bleues et leur sélectionneuse, Corinne Diacre, lors de la demi-finale de l’Euro de football entre la France et l’Allemagne, mercredi 27 juillet, à 21 heures. Pourtant, Alexandra Popp a bien failli ne pas jouer. Testée positive au Covid-19 le 15 juin, trois semaines avant le début de la compétition, la capitaine de la Frauen-Mannschaft, qui a démarré le tournoi sur le banc, ne doit son salut qu’au forfait de sa coéquipière Lea Schüller, à son tour touchée par le virus.
« Lea Schüller était clairement l’attaquante numéro un au départ, explique Jan Göbel, journaliste pour l’hebdomadaire Der Spiegel. Je suis impressionné de voir à quel point elle a été remplacée par Popp. » Buteuse de la tête lors des trois matchs de poules de l’Allemagne – face au Danemark (4-0), à l’Espagne (2-0), puis à la Finlande (3-0) –, Alexandra Popp a encore marqué dans les dernières minutes du quart de finale contre l’Autriche (2-0).
4 – Alexandra Popp has become the second player to score in four consecutive appearances at the UEFA Women’s Euros,… https://t.co/SW960Daa8V
L’histoire de la joueuse du VfL Woflsburg avec l’Euro se résumait jusque-là à une liste de rendez-vous manqués. Alexandra Popp, qui cumule plus de cent sélections avec l’Allemagne, dispute en effet à 31 ans son premier tournoi européen. Absente en 2013 et en 2017 en raison de blessures, l’attaquante n’a échappé à une passe de trois malchanceuse que grâce au report d’un an de l’édition 2021 pour cause de pandémie.
Touchée au cartilage du genou en avril de la même année, « Poppi » a subi quelques semaines plus tard une intervention chirurgicale qui devait une nouvelle fois l’empêcher de participer à la compétition au cours de l’été 2021. Le report d’un an de l’Euro masculin, prévu à l’origine en juin 2020, a eu des conséquences sur le tournoi des femmes, décalé d’une année en conséquence. Une opportunité pour l’Allemande, qui se disait alors « incroyablement reconnaissante de pouvoir rejouer au football et de poursuivre cette passion ».
Un pont entre les générations
Avec 118 sélections et 57 buts marqués,Alexandra Popp est la joueuse la plus expérimentée du groupe, dirigé depuis 2018 par Martina Voss-Tecklenburg. Elle fait partie d’un groupe dont le tiers des joueuses sont nées après l’an 2000. En l’absence des deux milieux références que sont Dzsenifer Marozsan et Melanie Leupolz, la capitaine joue un rôle de « leader incontestée et très populaire » auprès de ses jeunes partenaires, selon le journaliste allemand Jan Göbel.
Elle multiplie notamment les conseils à sa partenaire en attaque, la très prometteuse Klara Bühl, tout juste 21 ans, qui sera toutefois absente contre les Bleues puisque testée positive au Covid-19 mardi. « Sa compatriote Lina Magull trouve que Popp entraîne tout le monde avec sa mentalité, ajoute Jan Göbel. Sur le terrain, elle représente le pressing agressif, elle attaque à tout moment, et avec cette présence, il est actuellement impossible d’imaginer l’équipe sans elle. »
Pas avare d’efforts sur le terrain, la capitaine sait « hausser le ton » quand il le faut, ou au contraire « donner un soutien plus silencieux à ses coéquipières », comme elle s’en explique sur le site de la Fédération allemande. Au terme du quart de finale maîtrisé contre l’Autriche, c’est elle qui a enchaîné, tout sourire, les prises de parole face aux médias. L’occasion de placer un léger tacle aux critiques de la sélection allemande. « Nous avons démarré ce tournoi, et tout le monde pensait que nous n’allions nulle part, a-t-elle rappelé au micro de DW Sports. Mais, maintenant, nous sommes en demi-finale. L’équipe le mérite parce que nous déployons énormément d’énergie sur le terrain. »
🗣️ « We came into the tournament and everyone thought we wouldn’t get anywhere, and now we’re in the semifinal. »
He… https://t.co/p5sGRjiItD
L’Euro pour boucler la boucle
Habituée à tutoyer les sommets du football européen à Wolfsburg, club avec lequel elle a remporté deux Ligues des champions (elle en a gagné une autre avec le club de Duisbourg), six championnats et sept coupes d’Allemagne, « Popp est déjà une géante du football allemand », assure Jan Göbel, selon qui une victoire, dimanche en finale, constituerait une forme de consécration pour la joueuse. « Je pense qu’elle n’a plus rien à prouver à personne, mais un tel succès à ce moment de sa carrière restera dans les mémoires, notamment parce que l’équipe allemande n’a plus remporté de titres depuis quelques années. »
Arrivée en sélection en 2010, au terme de deux décennies de domination allemande – deux victoires aux Coupes du monde 2003 et 2007, ainsi que huit succès en neuf participations aux championnats d’Europe entre 1989 et 2013 –, Alexandra Popp a en effet traversé les années moins fastes de la Frauen-Mannschaft. Le seul titre obtenu depuis par l’avant-centre et ses coéquipières est la médaille d’or des Jeux olympiques de Rio en 2016.
Habitée par l’envie de stopper la malédiction la liant pour l’instant à l’Euro, Alexandra « souhaite deux victoires » pour conclure le tournoi. Peu importe la manière. « Je me fiche de la façon dont nous jouerons, a-t-elle déclaré auprès de sa fédération. Mais si nous devenons champions d’Europe, alors je serai la personne la plus heureuse de tous les temps. » Les Françaises, dernier obstacle avant la finale, sont prévenues.