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« Une gifle (…) n’est pas égale à un homme qui bat sa femme tous les jours », affirme Manuel Bompard

« Une gifle (…) n’est pas égale à un homme qui bat sa femme tous les jours », affirme Manuel Bompard


Le député Manuel Bompard lors d’une conférence de presse de la Nupes à l’Assemblée nationale, le 21 septembre 2022.

C’est une nouvelle phrase qui attise le feu des critiques en direction de La France insoumise (LFI) face à sa réponse jugée inappropriée à l’affaire Quatennens. Tout en affirmant ne pas « minimiser les faits », le député « insoumis » des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard, un proche de Jean-Luc Mélenchon, a affirmé vendredi 23 septembre à l’antenne de CNews qu’« une gifle n’est jamais acceptable, mais elle n’est pas égale à un homme qui bat sa femme tous les jours ».

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« Une gifle n’est pas égale à une personne qui est accusée de viol après avoir drogué les personnes (…). Il faut qu’on arrive sur ces sujets à avoir de la nuance », a-t-il argumenté en référence aux accusations de viol ciblant l’ancien ministre des solidarités Damien Abad, pour expliquer son opposition à une démission de M. Quatennens de son poste de député, alors que ce dernier s’est mis en retrait de son parti après avoir reconnu avoir giflé son épouse, qui a déposé une main courante contre lui.

Manuel Bompard a poursuivi son propos : « Personnellement j’ai toujours essayé de faire preuve de nuance sur le sujet, de respecter un certain nombre de principes : la proportionnalité, l’absence d’automaticité, le fait qu’on essaye de graduer les accusations et donc les sanctions et les mesures qui y correspondent. »

« Un tort considérable » à la lutte contre les violences faites aux femmes

Ses dires n’ont pas tardé à faire réagir le reste du personnel politique, jusqu’au gouvernement. « Des propos abjects qui banalisent la violence. Des propos qui abîment le combat contre les violences faites aux femmes. Des propos qui vous discréditent totalement sur ce sujet », a ainsi condamné Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, dans un post sur Twitter.

« Taisez-vous, maintenant ! Ça suffit !! C’est à la justice de juger cette affaire. Vos propos font un tort considérable au combat pour la protection des femmes face aux violences », a également réagi par un tweet Marlène Schiappa, actuelle secrétaire d’Etat à l’économie sociale et solidaire, anciennement chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations (2017-2020). « En disant cela, monsieur, vous oubliez sûrement que justement “ça commence souvent par une gifle” », s’est aussi indignée la députée Renaissance Prisca Thevenot sur le même réseau social.

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Pour la députée écologiste et militante féministe Sandrine Rousseau, membre de la Nupes, « une gifle à sa conjointe est un délit. (…) Tous ces mots-là sont des mots qui minimisent ces actes [de violence] », s’est-elle désolée sur LCI. « Je rappelle qu’il y a 230 000 femmes qui subissent actuellement des violences conjugales », a-t-elle ajouté, avant de signaler : « Manuel Bompard doit entendre que dès le premier geste, dès la première gifle, on dit aux femmes “vous devez partir [de chez vous]”, et ce n’est pas pour rien. »

La porte-parole du Parti socialiste, Gabrielle Siry-Houari, connue pour ses engagements féministes, a ajouté sur Twitter : « Les violences faites aux femmes sont gravissimes quelle que soit leur « fréquence ». Leurs auteurs ne sauraient nous représenter politiquement. Aucun contexte ne peut justifier les violences conjugales ; aucun contexte ne les rend plus acceptable qu’un autre. »

A l’extrême droite, l’eurodéputé Gilbert Collard a également cinglé : « Manuel Bompard instaure une hiérarchie dans les violences faites aux femmes (…) : la hiérarchisation est, en elle-même, insupportable ! »

Les impairs de Jean-Luc Mélenchon depuis l’affaire

Les propos de Manuel Bompard arrivent dans un contexte particulièrement tendu au sein de son parti. Après l’annonce de la mise en retrait d’Adrien Quatennens le 18 septembre, c’est le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, qui a d’abord multiplié les impairs et s’est attiré les critiques de l’ensemble des responsables politiques.

M. Mélenchon avait réagi immédiatement à cette décision dans un tweet dénonçant « la malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux, [qui] se sont invités dans le divorce conflictuel d’Adrien et Céline Quatennens ». Il insistait : « Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection. »

En l’absence de mots pour la victime et des propos jugés relativistes au sujet des violences faites aux femmes, les messages de M. Mélenchon ont très vite été dénoncés sur les réseaux sociaux, forçant le chef d’orchestre de la Nupes à poster un second message pour rectifier le tir quelques heures plus tard, sans succès. « Je pèse mes mots tout le temps », a-t-il assuré au micro de « Quotidien » jeudi tout en affirmant ne pas regretter ses tweets.

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La première ministre, Elisabeth Borne, avait jugé mardi « extrêmement choquant d’avoir quelqu’un qui banalise les violences intrafamiliales ». Pour sa part, la dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen, avait réagi sur France Inter aux tweets de M. Mélenchon, affirmant : « Réussir à faire un tweet avec autant de propos laudateurs à l’égard de quelqu’un qui exprime l’aveu d’avoir commis des violences, c’est quand même incroyable. »

Les propos de M. Mélenchon ont aussi créé le malaise au sein de LFI et de la Nupes. « Une gifle est une violence », avait tenté de réaffirmer la députée LFI Danièle Obono, jeudi, sur Twitter, tout en affirmant ne pas désavouer M. Mélenchon mais faire un « rappel des fondamentaux [de LFI] et un appel à continuer le travail long et difficile ». Lors de la conférence de presse de rentrée du groupe LFI à l’Assemblée, mardi, les députés du parti avaient reconnu « tâtonner » sur une question « complexe ».

Le Monde



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