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Un jeu « antifasciste » décrié par l’extrême droite retiré du site de la Fnac

Un jeu « antifasciste » décrié par l’extrême droite retiré du site de la Fnac


« Propos racistes, manifs homophobes, violences fascistes, ça suffit : contre l’extrême droite, à vous de jouer ! » C’est ce que propose Antifa, le jeu, qui était commercialisé sur le site de la Fnac… jusqu’à l’intervention, samedi soir, du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).

« Ce jeu” est en vente à la Fnac. @Fnac un commentaire pour ainsi mettre en avant les antifas, qui cassent, incendient et agressent dans les manifestations ? », a écrit samedi soir sur Twitter David Le Bars, secrétaire général du syndicat.

Réponse de la Fnac, dimanche soir : « Nous comprenons que la commercialisation de ce “jeu” ait pu heurter certains de nos publics. Nous faisons le nécessaire pour qu’il ne soit plus disponible dans les prochaines heures. » Le message est estampillé de la pastille bleue, qui en garantit le caractère officiel. De fait, le jeu n’était plus disponible, lundi, sur le site… et le groupe, manifestement embarrassé, était, lui aussi, aux abonnés absents. Sollicitée par Le Monde, une attachée de presse s’est contentée d’un « No comment » sans appel.

Avant le SCPN, plusieurs élus du Rassemblement national (RN) avaient déjà fustigé la Fnac pour la même raison. « Case 1 : “je bloque une fac” ; Case 2 : “je tabasse un militant de droite” ; Case 3 : “j’attaque un meeting du RN” ; Case 4 : “je lance un cocktail Molotov sur les CRS”. La Fnac, vous n’avez pas honte ? » , a tweeté dimanche Grégoire de Fournas, député RN de Gironde, qui s’est récemment distingué à l’Assemblée nationale en lançant : « Qu’il retourne en Afrique », lors d’une intervention de son collègue de la France insoumise (LFI), Carlos Martens Bilongo, au sujet des migrants recueillis à bord de l’Ocean Viking. Un épisode qui a valu au député RN quinze jours d’exclusion du Palais-Bourbon.

« La bonne nouvelle du week-end »

« Mettre à l’honneur les antifas, ces groupuscules haineux qui ne connaissent que la violence pour s’attaquer à notre démocratie et à ce que nous avons de plus cher dans notre pays… Absolument scandaleux ! », s’est lui aussi indigné aussi Victor Catteau, député RN du Nord, déclenchant une tempête de retweets indignés. « La bonne nouvelle du week-end ! », s’est-il réjoui lundi, après l’annonce du retrait. « La mobilisation a payé : la Fnac retire cet article », jubilait quant à lui Grégoire de Fournas.

De son côté, le SCPN s’est contenté d’un laconique « Merci ». Joint par Le Monde, son secrétaire général assure toutefois que le syndicat a remercié la Fnac pour sa réponse, pas pour le retrait, qu’il dit n’avoir jamais demandé.

Dans le premier tweet, à l’origine de la polémique, « on n’a pas dit que le jeu incitait à la violence, mais qu’il faisait l’apologie de groupuscules qui, eux, le font. Aujourd’hui, ce sont des mouvements qui eux-mêmes se présentent comme anticapitalistes, antiforces de répression, antiracistes, antihomophobie, etc. », souligne David Le Bars. « Les antifas, on les a de plus en plus souvent dans les manifestations et ce sont la plupart du temps eux qui sont à l’origine des dégradations », ajoute-t-il, assurant avoir pris connaissance des tweets des élus RN a posteriori. Ce dernier insiste sur l’apolitisme de son organisation syndicale.

Les 4 000 premiers exemplaires se sont écoulés en un mois, et la Fnac a vendu 15 % du total, selon Libertaria

Le jeu en question, mis en avant le 6 novembre par « L’Eclaireur », le guide de recommandation de la Fnac, encourage-t-il effectivement à « tabasser » des militants de droite ou à s’attaquer aux forces de l’ordre à coups de cocktails Molotov ? Imaginé par La Horde, collectif antifasciste qui se dit « énervé, indiscipliné et solidaire », il a été conçu et utilisé pendant deux ans comme un outil de formation des militants, avant d’être commercialisé en septembre 2021 par les éditions Libertalia, ce qui avait déjà suscité l’indignation d’une partie de l’extrême droite. Les 4 000 premiers exemplaires se sont écoulés en un mois, et la Fnac a vendu 15 % du total, selon Libertaria.

Réédité début novembre sous une forme simplifiée, il propose aux joueurs d’incarner des militants chargés de déjouer les « exactions d’extrême droite » en leur opposant « une résistance de forces égale ou supérieure ». Ces exactions, présentées sous forme de cartes à jouer, sont notamment intitulées « Des fachos déclenchent une bagarre dans un bar », « Un couple gay agressé en pleine ville » ou « Un collectif de soutien aux migrants a besoin d’aide » et, pour y faire face, les joueurs disposent de 17 options telles que « Rencontre débat », « manifestation », « tractage » ou « action offensive ».

« Pas des gauchistes avec le couteau entre les dents »

« A aucun moment le jeu ne glorifie l’atteinte aux personnes »

« C’est un jeu de sensibilisation au militantisme dans toutes ses dimensions. Parfois, elles peuvent être purement symboliques, parfois elles sont plus concrètes », explique son auteur, qui se fait appeler Hervé de la Horde. « La violence n’est pas totalement évacuée (…), mais le moyen le plus violent proposé, c’est le “cacatof”, une bouteille pleine de caca. On n’a pas de problème avec l’action offensive, mais à aucun moment le jeu ne glorifie l’atteinte aux personnes. Il peut y avoir de l’atteinte aux biens, mais jamais aux personnes. Ce n’est pas l’antifascisme qu’on défend », insiste-t-il, accusant les détracteurs du jeu d’en parler sans rien en savoir et de chercher à diaboliser la « figure fantasmatique de l’antifa ».

« Nous ne sommes pas des gauchistes avec le couteau entre les dents. Notre jeu à nous est un jeu républicain, qui n’attente en rien à la légalité », affirme lui aussi Nicolas Norrito, cofondateur des éditions Libertalia et « animateur » de la librairie du même nom, à Montreuil, selon lequel tout a été fait pour qu’il soit inattaquable juridiquement. Se disant « meurtri » par la décision de la Fnac, il juge qu’elle en dit long sur l’état du débat politique et déplore qu’un grand groupe commercial se soit plié si facilement aux exigences du RN et d’un syndicat de policiers. « On est navré que la Fnac en soit là aujourd’hui, alors qu’elle a été cofondée par deux antifascistes, dont l’un – Max Théret – est allé combattre les troupes de Franco en Espagne en 1936. »

Il réclame en outre « une petite explication » au groupe sur la présence dans ses rayons réels ou virtuels des livres d’Alain Soral, figure de la « complosphère », ou de l’historien révisionniste Robert Faurisson ; une exigence largement relayée sur les réseaux sociaux. La Fnac n’en a donc pour le moment pas fourni, mais sur son site, en lieu et place du jeu, s’affiche désormais le message suivant : « La page que vous cherchez a disparu. Pas de panique, nos agents sont sur le coup… »



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