C’était l’un des postes les plus prestigieux de la République. Désormais, les candidats ne se bousculent pas pour diriger Electricité de France (EDF). A tel point que les pouvoirs publics envisagent de faire sauter le plafond de 450 000 euros par an, qui limite par décret la rémunération des patrons d’entreprises publiques, comme l’ont révélé Les Echos, afin de faciliter ce recrutement-clé au sommet. Une largesse qui risque d’être perçue comme un chiffon rouge par l’opinion publique, dans une période marquée par les tensions sur le pouvoir d’achat et les revendications sur les salaires. De quoi également déstabiliser les patrons en place qui sont soumis à cette règle, sauf si c’est pour les faire bénéficier, eux aussi, de l’inflation des salaires.
L’Etat a annoncé, le 6 juillet, qu’il avait lancé le processus de succession du PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, en poste depuis novembre 2014, avec l’objectif d’installer une nouvelle direction à la rentrée. En réalité, la réflexion avait été engagée des mois auparavant, sans qu’aucun prétendant ne se soit imposé depuis. Des premiers noms ont commencé à circuler. Celui d’Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom, revient avec insistance. « Aujourd’hui, il est pleinement engagé dans le développement d’Alstom et l’intégration de Bombardier, et entend poursuivre cette mission », a indiqué, au Monde, le fabricant de trains. Selon nos informations, Catherine Guillouard, PDG de la RATP, régulièrement citée, a fait savoir qu’elle n’était candidate à aucun poste chez EDF.
D’autres profils sont évoqués comme ceux de Cédric Lewandowski, directeur du parc nucléaire et thermique d’EDF, de Marianne Laigneau, présidente du directoire d’Enedis, ou de Thierry Mallet, PDG de Transdev. Mais leurs parcours ne cadrent pas avec la mission confiée, selon nos sources, par Bercy, au cabinet de chasseurs de têtes Heidrick & Struggles : trouver une personnalité industrielle à EDF.
En clair, recruter un grand industriel, pas un grand commis de l’Etat, après les incidents à répétition dans le parc nucléaire, qui tournait, vendredi 29 juillet, à 40 % seulement de sa capacité. Régler les problèmes du parc vieillissant et assurer le branchement sur le réseau de l’EPR de Flamanville (Manche) constituent des enjeux majeurs à la fois pour EDF et pour l’indépendance énergétique de la France.
Contradiction flagrante
D’autres fleurons français dans le portefeuille de l’Etat se sont retrouvés en mauvaise passe ces dernières années. Pour les relancer, des pointures internationales, des « pros » dans leur domaine, avaient été sollicitées. En 2014, le groupe PSA, qui venait de bénéficier d’un plan de sauvetage avec l’entrée de l’Etat à son capital, avait confié son volant au Portugais Carlos Tavares, ancien numéro deux de Renault. En 2018, Air France-KLM, miné par les grèves, avait trouvé son directeur général, le Canadien Benjamin Smith, chez Air Canada. Quant à Renault, il était allé chercher, en 2020, le successeur du controversé Carlos Ghosn chez Volkswagen, en ciblant l’Italien Luca de Meo.
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