Un navire voguant en Méditerranée, avec à son bord 234 migrants, dont 37 enfants. L’Ocean-Viking a brutalement rouvert le dossier de l’immigration, qui va animer le débat public ces prochaines semaines. Le gouvernement préparant un nouveau projet de loi sur le sujet, avec des consultations qui doivent commencer avec les groupes politiques et les acteurs concernés à partir du 21 novembre, avant un examen du texte au Parlement.
Devant les mésaventures du bateau, accueilli au port de Toulon, vendredi 11 novembre, après trois semaines d’attente, la gauche a mobilisé ses réflexes fondamentaux, l’antiracisme, l’impératif humanitaire. Mais elle va devoir se positionner plus clairement sur ce sujet sensible. Comment se défaire des procès en angélisme sans avoir l’air de faire le jeu de l’extrême droite ? A cette aune, les grandes lignes du texte présenté par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin et celui du travail, Olivier Dussopt, le 2 novembre, dans Le Monde, mélange de répression et d’ouverture, est considéré comme « malin », voire « pervers », par un baron socialiste. « L’immigration est un sujet compliqué à gauche, car il y a le risque d’être en décalage complet avec l’opinion », rappelle le politologue Rémi Lefebvre.
« C’est une question qui taraude le citoyen, il faut avoir une vision », admet le secrétaire national du Parti socialiste (PS), Olivier Faure. Soucieux de préparer un débat qui se tiendra au Parlement en décembre, le groupe socialiste a créé un groupe de travail, afin de bâtir le « récit de la gauche sur la politique migratoire », indique le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud. Principale difficulté, celle de ne pas faire fuir un peu plus l’électorat populaire, qui considère en très grande majorité qu’il y a « trop d’étrangers en France », comme le rappelle le directeur général délégué d’Ipsos, Brice Teinturier.
Différentes sensibilités émergent déjà au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Ainsi, le PS ne voit pas d’un mauvais œil la mise en place d’un titre de séjour pour les métiers en tension. « On y est favorable », indique Olivier Faure, qui y pose des conditions. « Il faut que ce soit en accord avec le pays d’origine pour éviter la fuite des cerveaux, et les partenaires sociaux, pour éviter l’exploitation. » Requise par un patronat en quête de main-d’œuvre pas chère, la proposition gêne les autres formations politiques : « La question n’est pas seulement d’avoir des gens corvéables à merci pour les métiers en tension, réfute le député “insoumis” du Rhône Gabriel Amard, engagé sur la question des navires humanitaires en Méditerranée. Au regard de leur situation, il y a et il va y avoir un devoir d’humanité et d’accueil. »
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