Selon une étude de l’Insee, 6 foyers sur 10 des Français les plus modestes n’ont pas changé de catégories sociales 16 ans plus tard. Très souvent, cette tendance s’explique par le niveau d’études jugé trop bas pour un salaire supérieur au Smic. Europe 1 est allée à la rencontre de l’un de ces Français qui peinent à gravir l’échelle sociale.
L’Insee a étudié la mobilité des revenus entre 2003 et 2019 à partir des données fiscales des Français et le résultat est décevant. Parmi les 20% les plus modestes, au départ de l’étude, 6 foyers sur 10 n’ont pas changé de catégorie sociale, 16 ans plus tard. L’Insee démontre donc que l’ascenseur social est en panne… Effectivement, quand on commence sa carrière en bas de l’échelle des revenus, le risque est grand qu’on y reste.
C’est notamment le cas de Sarah, ex-conductrice de transport scolaire, qui vient d’être promue au poste de directrice du parc de véhicules de son entreprise. Pourtant, elle remarque que son salaire dépasse à peine le Smic, à cause d’un manque de formation selon elle. « Je n’ai pas eu un parcours scolaire brillant, je n’ai pas de bagages. J’ai été jusqu’à la deuxième année de CAP. Je n’ai pas de diplôme, je n’ai rien du tout donc je savais que j’allais galérer. »
Le niveau d’éducation, une prédestination sociale ?
Très souvent, le niveau d’études conditionne celui des revenus, comme le confirme Lionel Wilner, expert à l’Insee. « Effectivement, il y a une forte dépendance de la carrière professionnelle au diplôme initial », note-t-il. « Si les positions sur le marché du travail dépendent fortement du diplôme initial, cela va mécaniquement freiner les possibilités de mobilité sur l’échelle des salaires. »
Parmi les autres facteurs qui grippent l’ascenseur social, il y a aussi le manque de mobilité géographique, car il faut parfois quitter sa région pour décrocher un meilleur salaire, ce qui n’est pas évident pour tous. En 2019, les 20% de Français les plus modestes avaient des revenus inférieurs à 12.000 euros par an.
Selon une récente étude de l’Insee portant sur la mobilité des revenus des Français les plus modestes, il ressort que 6 foyers sur 10, qui se situent dans les 20% les plus pauvres, n’ont pas évolué socialement au bout de 16 ans. Une situation qui témoigne de la panne de l’ascenseur social.
Cette tendance est souvent expliquée par un manque de qualifications et d’éducation, qui limitent les perspectives de carrière et donc de revenus. Une personne rencontrée par Europe 1 illustre cette réalité. Sarah, une ex-conductrice de transport scolaire récemment promue directrice du parc de véhicules de son entreprise, se plaint de gagner à peine plus que le Smic en raison de son niveau d’éducation jugé insuffisant. Sans diplôme ni formations supplémentaires, elle se savait condamnée à galérer pour gravir les échelons.
De fait, le niveau d’études conditionnerait le niveau de revenus et la réussite professionnelle, comme le confirme l’expert Lionel Wilner de l’Insee. Les certifications et les diplômes obtenus au début de la carrière ont ainsi des impacts importants sur les possibilités de mobilité au fil des années. Les travailleurs qui démarrent leur vie professionnelle avec un diplôme peu qualifiant risquent de rester bloqués dans des emplois ne leur offrant pas de perspectives d’avenir.
Outre le manque de qualifications, le manque de mobilité géographique peut également freiner l’ascension sociale. Pour décrocher un salaire plus élevé, il peut être nécessaire de s’expatrier, un choix difficile pour ceux qui sont attachés à leur région de naissance.
En réalité, les 20% de Français les plus modestes avaient des revenus inférieurs à 12 000 euros par an en 2019, note l’Insee. Cette situation témoigne de l’échec de l’État à réduire les inégalités sociales et à offrir des chances égales à tous, quelle que soit leur origine.