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Remco Evenepoel champion du monde de cyclisme en solitaire et sans concurrence

Remco Evenepoel champion du monde de cyclisme en solitaire et sans concurrence


La victoire de Remco Evenepoel, à Wollongong, en Australie, lors de la course sur route des championnats du monde, le 25 septembre 2022.

Remco Evenepoel ne connaît et n’applique qu’une méthode pour gagner. Attaquer de loin, écraser les pédales, dégoûter la concurrence, et finir seul. Ce dimanche 25 septembre, le Belge de 22 ans est devenu champion du monde de cyclisme sur route après 266,9 kilomètres dans son style et avec une avance d’un autre temps, 2 minutes et 21 secondes, sur le Français Christophe Laporte, très heureux médaillé d’argent. Pour trouver une telle marge, il faut remonter à 1968 avec l’Italien Vittorio Adorni, arrivé dix minutes avant son dauphin.

Sur le circuit de Wollongong, le long du Pacifique, Evenepoel n’a pas eu d’adversaire à sa mesure, même pas ces pies australiennes, d’une taille respectable (entre 37 et 43 centimètres), dont il avait une franche appréhension après une attaque en vol rasant lors sa première sortie. Le futur champion du monde, lui, s’est envolé à 35 kilomètres de l’arrivée, sans un regard ni une pensée pour son compagnon d’échappée, le Kazakh Alexey Lutsenko. « Je sentais que j’étais le plus fort, il n’y avait pas de temps à perdre sur un tel circuit, après j’ai continué à pousser. »

Du Remco dans le texte. Direct, franc du collier, avec cette assurance qui confine pour certains à de l’arrogance. Le garçon répond sur le vélo aux critiques et n’hésite pas à y ajouter les gestes. Son doigt sur la bouche s’adresse à ses détracteurs qui, dans son pays, lui reprochaient encore son attitude lors des derniers Mondiaux et un manque de loyauté supposée vis-à-vis de son leader, Wout van Aert. Un an après leur échec à domicile à Louvain, les Belges ont bien pris soin de répartir les rôles entre leurs deux mâles dominants. « Wout [van Aert] était prévu en cas d’arrivée au sprint. Moi je devais attaquer plus tôt », résume le coureur de la Quick-Step.

Van der Poel « fidèle au poste »

Au rayon des attaques anticipées, on notera celle, non autorisée par l’Union cycliste internationale ni par la loi australienne, de Mathieu van der Poel. Le Néerlandais, l’un des favoris, a abandonné en début de course, diminué par une courte nuit, passée pour l’essentiel dans un commissariat de police après une altercation à son hôtel avec des jeunes qui l’empêchaient de trouver le sommeil. Une autre manière d’être « fidèle au poste »

Lire aussi : Mondiaux de cyclisme : van der Poel, l’un des favoris, abandonne après une nuit au poste de police

Dans les faits, Evenepoel a suivi dans un premier temps un mouvement de course lancé par… l’équipe de France. Encore une fois, le sélectionneur Thomas Voeckler avait opté pour la solution offensive, comme lors des deux victoires de Julian Alaphilippe. Les Bleus ont passé leur dimanche à mettre la pagaille. A 75 kilomètres, Quentin Pacher provoque une échappée d’une vingtaine d’hommes, dont ses coéquipiers Romain Bardet et Florian Sénéchal, mais Evenepoel renifle aussi le bon coup.

Derrière, on revisite l’expression « enterrement de première classe » avec des favoris comme Wout van Aert, Tadej Pogacar ou Julian Alaphilippe, dans l’incertitude. Le premier n’a pas la liberté de rouler derrière Evenepoel (accompagné de deux équipiers), le deuxième n’a pas les jambes, et le double tenant du titre ne sait trop quoi faire. Résultat, les Bleus chassent derrière les Bleus quand Valentin Madouas secoue le peloton, alors que Romain Bardet, à l’avant, surveille Evenepoel comme le lait sur feu.

Mais on ne retient pas un tel phénomène. Une seconde d’inattention, et le Belge file dans une partie descendante avec Lutsenko, quand son attaque était attendue dans les pourcentages du mont Pleasant. Mais faut-il blâmer le stratège Voeckler pour autant ? Dans une course disputée sans oreillettes, les Français ont seulement eu le tort d’emmener sur leur porte-bagage le récent vainqueur du Tour d’Espagne.

Sur la ligne d’arrivée, Julian Alaphilippe (51e) était l’un des premiers à claquer sa bise à son successeur (et coéquipier à la Quick-Step le reste de la saison). « C’est un coureur très fort qui gagne, et un coureur très fort qui fait deux. Donc on ne peut pas avoir de regrets aujourd’hui », assure l’ancien vainqueur.

Le Tour comme prochain objectif ?

A vrai dire, la deuxième place de Christophe Laporte est un peu tombée du ciel. Le Varois peut remercier la séance de surplace des quatre coureurs (loin) en contre derrière Evenepoel, trop occupés à tirer à la courte paille les places restantes sur le podium et avalés par le peloton dans les derniers mètres. Mais dominer au sprint des clients comme l’Australien Michael Matthews (3e) et Wout van Aert (4e) vous classe un coureur, seul Français vainqueur d’étape sur le dernier Tour.

La Grande Boucle, le nouveau porteur du maillot arc-en-ciel y est forcément attendu, un jour. Mais quand ? Patrick Lefevere, le manager de son équipe, dit que c’est encore trop tôt. « Si cela dépend de moi, il ne fera pas le Tour de France en 2023 », confiait-il au Soir en août. Mais Lefevere jure « ne pas être un dictateur » et qu’il peut changer d’envie si Evenepoel insiste.

Lire aussi : Remco Evenepoel, jeune roi d’Espagne et du cyclisme belge

Son pays en salive déjà. Depuis deux semaines, le natif d’Alost n’en finit plus de réécrire l’histoire du cyclisme belge. Avec la Vuelta, il a mis fin à une disette de 44 ans sur les grands tours, depuis la victoire de Johan De Muynck sur le Tour d’Italie en 1978. Ce dimanche, il succède à Philippe Gilbert, dix ans après le titre du futur retraité. Alors pourquoi ne pas l’imaginer s’attaquer à Lucien Van Impe, le dernier de ses compatriotes en jaune sur les Champs-Elysées ? C’était en 1976.

Le défi est à la hauteur de l’ambition et du talent du garçon. Mais avant de défier les vainqueurs du Tour Tadej Pogacar (2020 et 2021) et Jonas Vingegaard (2022) sur le terrain, « Remco » va enfin relâcher la pression après cet enchaînement Vuelta-Mondiaux sans poser ses valises chez lui, près de Bruxelles. « On va faire une grosse fête ce soir », promet-il. Une seconde, après celle faite à ses rivaux sur le vélo.

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