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quand pourra-t-on décréter la fin de la pandémie ?

quand pourra-t-on décréter la fin de la pandémie ?



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Le président américain, Joe Biden, et le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, ont tous les deux tenu un discours très optimiste quant à l’évolution de la pandémie de Covid-19. Mais à partir de quand peut-on estimer que la pandémie appartient au passé ?

Il était une fois la pandémie ? Joe Biden a décidé qu’il était temps d’en parler au passé. Le président américain a assuré que la « pandémie de Covid-19 était finie » lors d’une interview accordée à l’émission « 60 minutes » de la chaîne CBS, dimanche 18 septembre.

Une sortie « improvisée » – selon les médias américains – qui intervient quelques jours seulement après une déclaration dans la même veine de Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Fin de la pandémie » pour les uns, campagne de vaccination pour les autres

Ce dernier avait déclaré, jeudi 15 septembre, que « la fin [de la pandémie, NDLR] était en vue ». Un optimisme justifié par le nombre de décès dus au Covid-19 au niveau mondial. Avec 11 118 morts en une semaine recensés le 5 septembre, le décompte hebdomadaire n’avait jamais été aussi bas depuis mars 2020.


C’est la même logique comptable qui a poussé Joe Biden à estimer qu’il ne fallait plus parler de pandémie « même si le Covid-19 restait un problème ». Les États-Unis sont passés de plus de 3 000 décès par jour au début du mandat de Joe Biden a environ 400 en septembre, soulignent les CDC (Centres for Disease Control and Prevention, la principale autorité sanitaire américaine). Ce sont toujours 400 morts en trop, ont souligné les détracteurs de la déclaration de Joe Biden.

Mais surtout, cet optimisme peut sembler à contre-courant de ce qui se passe dans d’autres parties du monde. « Cela peut être déconcertant d’entendre parler de fin de la pandémie en Europe quand plusieurs pays relancent une campagne d’incitation à la vaccination pour cet automne », reconnaît Yves Coppieters, épidémiologiste à l’Université libre de Bruxelles.

En France, le ton est d’ailleurs loin d’être triomphaliste, Santé publique France ayant mis en garde contre une hausse des cas positifs depuis le début du mois de septembre.

La Chine ne semble pas non plus sur le point de crier victoire dans sa lutte contre le Covid-19. Il y a encore plus de trente villes qui imposent un confinement partiel ou total à plus de 60 millions de Chinois.

Entre l’optimisme des uns et les précautions des autres, difficile de savoir où on en est. « Le problème est qu’il n’y a pas de définition scientifique de ce que signifie la fin d’une pandémie », explique Rachael Piltch-Loeb, spécialiste des politiques de santé publique à l’université américaine de Harvard, interrogée par la chaîne National Geographic.

La balle dans le camp de l’OMS

D’un point de vue formel, « comme c’est l’OMS qui déclare le début d’une pandémie, c’est aussi à elle de décider quand elle s’achève », estime Mircea Sofonea, épidémiologiste à l’université de Montpellier.

L’organisation a d’ailleurs un comité d’experts qui se prononce tous les trois mois depuis janvier 2020 sur la pertinence de continuer à qualifier la situation de pandémie. Ces « sages » étaient toujours favorables à cette appellation dans leur dernier avis, publié le 12 juillet 2022.

Difficile d’anticiper s’ils vont être contaminés par l’optimisme de Joe Biden et de Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il n’y a, en effet, pas de liste de critères précis qui permettraient de prévoir si ce comité va, à son tour, sonner la fin de la pandémie dans son prochain avis, attendu mi-octobre.

La fin de la pandémie de Covid-19 ne sera pas à l’image de celle de la variole en mai 1980, lorsque la 33e Assemblée mondiale de la santé avait pu constater la disparition totale de cette maladie dans tous les pays du monde. « Nous n’avons pas les moyens de viser une éradication totale du Sars-CoV-2 », assure Mircea Sofonea.

Dans le cas du Covid-19, l’approche la plus scientifique consisterait à « constater quand le critère principal pour déclarer qu’une pandémie existe – c’est-à-dire qu’il y a des épidémies sur trois continents au moins – n’est plus d’actualité pour le Covid-19 », note Yves Coppieters.

Chaque pays établit, en effet, un seuil de circulation d’un virus au-dessus duquel il est censé déclarer à l’OMS l’existence de foyers épidémiques d’une maladie. Par exemple, pour le Covid-19, ce « seuil épidémique » en France se situe à 98 cas pour 100 000 habitants.

Mais disposer des données les plus fiables ne suffit pas toujours pour faire l’unanimité. Ainsi, « l’OMS avait été critiquée pour avoir déclaré trop tard [en mars 2020, NDLR] le début de la pandémie de Covid-19″, souligne Mircea Sofonea.

Les conséquences de la fin de la pandémie

Pour lui, le seul indicateur qui permettrait d’estimer actuellement que la fin de la pandémie est proche serait « de considérer la saturation hospitalière ». Grâce à une bonne couverture vaccinale, à des traitements plus efficaces et à des variants comme Omicron qui semblent entraîner moins d’hospitalisations, l’impact du Covid-19 sur les systèmes de santé est beaucoup moins dévastateur qu’il y a encore un an.

Il n’en demeure pas moins que, même en ne retenant que ce facteur, il est risqué de déclarer que la pandémie est finie. « Il est difficile de prévoir, notamment, si le prochain variant ne va pas se révéler plus dangereux », souligne le magazine Science.

« La décision sera prise davantage en fonction de critères politiques et sociaux que scientifiques », estime Caroline Buckee, épidémiologiste à l’université de Harvard, interrogée par Science.

ll faudra, en effet, réfléchir à deux fois avant de sonner la fin de la pandémie, car ce retour à la normale sanitaire aura des conséquences financières et sociales importantes. Certains laboratoires pharmaceutiques, comme l’Américain Moderna, ont promis de ne pas faire valoir leurs droits de propriété intellectuelle sur la technologie vaccinale… tant que la pandémie de Covid-19 perdure. Certains programmes d’urgence, comme le Covax – l’initiative internationale pour un accès équitable aux vaccins –, ne seront « plus aussi soutenus quand la pandémie prendra fin », note Science. Pourtant, la fin de la pandémie ne signifie pas l’éradication complète du Covid-19… Notamment dans les régions – souvent moins riches – où la vaccination progresse lentement.

C’est pourquoi les experts interrogés par France 24 ne pensent pas que la fin de la pandémie sera décrétée de sitôt. Les déclarations de Joe Biden et Tedros Adhanom Ghebreyesus sont plutôt « des annonces politiques », estime Yves Coppieters. Notamment dans le cas du patron de l’OMS : « Cela tranche avec le ton souvent très pessimiste de l’organisation depuis le début de la pandémie. Je ne serais pas étonné si l’OMS avait voulu dire qu’au milieu des autres mauvaises nouvelles [inflation, guerre en Ukraine, risque de récession, NDLR] la situation sanitaire, au moins, s’améliore », conclut-il.



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