in

Quand les jeunes diplômés sont victimes d’« âgisme » en entreprise

Quand les jeunes diplômés sont victimes d’« âgisme » en entreprise


13e6193 1668687263394 dessin le monde def

Estelle a vécu sa première mauvaise expérience à 21 ans, lors d’une année en alternance dans une maison d’édition. Dès son arrivée, sa maître de stage lui fait faire le tour des bureaux. Elles finissent par le pôle marketing, exclusivement composé de femmes. « Elles m’observent, pouffent et commentent : “Mais cest légal ?” Sous-entendu : je nai pas lair majeure, je ne devrais pas travailler ici. » S’ensuivent deux années pendant lesquelles Estelle, ignorée de tous, a le sentiment d’être transparente.

Cinq ans plus tard, diplômée de master, elle est embauchée dans une autre maison d’édition. « Ma responsable me présente au service comptable, où un homme d’une quarantaine d’années me regarde et répond, en riant : “Ah, j’ai cru que c’était ta petite-fille !”, sans me parler, ni même m’avoir dit bonjour. Dans les deux cas, ces phrases ont été prononcées sur le ton de la rigolade, sans s’adresser directement à moi. Les gens se sont permis un commentaire sur mon apparence, comme si je n’avais pas été présente physiquement dans la même pièce », se désole-t-elle.

Ces expériences pénibles ont fait totalement perdre à Estelle sa confiance en elle et l’ont incitée, pour compenser, à travailler davantage que les autres, afin de « paraître crédible ». Selon une enquête sur les discriminations dans l’emploi menée en 2021 auprès des jeunes actifs de 18 ans à 34 ans par le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT), plus d’un sur trois affirme avoir vécu une situation de discrimination dans le cadre de sa recherche d’emploi ou de sa carrière, contre une personne sur cinq dans la population générale, avec l’âge (23%) comme deuxième critère de stigmatisation juste après le genre (27%) . « On savait quil y avait une grande conscience des jeunes sur ces questions, mais la réalité est encore plus alarmante que ce quon pouvait imaginer », admet la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui a commandé l’enquête.

« Notre culture attache une importance capitale au respect des aînés, au point d’omettre des réalités embarrassantes. » Laelia Benoit, pédopsychiatre et sociologue

Le baromètre confirme que près de 90 % des sondés déclarent avoir déjà connu une situation de dévalorisation au cours de leur vie professionnelle, avec principalement une sous-estimation de leurs compétences, une mise sous pression pour en faire toujours plus, et le fait de se voir confier des tâches inutiles et ingrates. Un haut niveau d’études ne permet pas d’être plus protégé. Au contraire, même : les salariés avec une équivalence master ou plus seraient les plus exposés dans le monde professionnel (40,6 %).

Il vous reste 59.39% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Europe 1 fait vibrer ses auditeurs au rythme de la Coupe du monde 2022 !

Europe 1 fait vibrer ses auditeurs au rythme de la Coupe du monde 2022 !

Moscou est accusé d'avoir déplacé 300 000 enfants ukrainiens vers la Russie

Moscou est accusé d’avoir déplacé 300 000 enfants ukrainiens vers la Russie