TADOUSSAC ET GATINEAU – Deux candidats ont été exclus de l’équipe péquiste parce qu’ils ont multiplié des messages contre le port du voile et les musulmans. Paul St-Pierre Plamondon n’a toutefois pas exigé le retrait de leur candidature, un manque de leadership estime Québec solidaire.
• À lire aussi: Gabriel Nadeau-Dubois condamne les propos «islamophobes» d’un candidat péquiste
• À lire aussi: Un référendum pour empêcher la louisianisation, plaide PSPP
Le chef péquiste a décidé d’exclure de l’équipe du PQ Pierre Vanier, candidat dans Rousseau, et sa conjointe, Catherine Provost, candidate dans L’Assomption, le comté voisin.
Paul St-Pierre Plamondon ne leur a cependant pas demandé de retirer leur candidature. «J’ai dû tracer une ligne», a-t-il fait valoir, soutenant qu’ils ont mené une campagne très positive. «Il m’indique également qu’il s’excuse et regrette profondément ces partages-là.»
Entre 2015 et 2016, le couple a multiplié sur Facebook les publications islamophobes et contre les femmes portant le voile.
En janvier 2016, M. Vanier a publié une image sur laquelle on pouvait voir plusieurs femmes portant différents voiles. Il jugeait ensuite leur intelligence en écrivant ceci:
«Pourquoi les femmes occidentales choisissent de se draper dans ces accoutrements? Comme le disait une de mes collègues: elles manquent un 15 minutes de pas cuit dans la caboche», écrivait Pierre Vanier. Ce dernier a déjà été l’attaché politique de l’ex-député de Rousseau, Nicolas Marceau.
Mme Prévost a également fait le même type de publication.
Paul St-Pierre Plamondon se dissocie des propos de Pierre Vanier, mais voulait entendre ce qu’il avait à dire pour sa défense avant de prendre une décision finale à son sujet.
«Ce que je vois sur ses publications Facebook est absolument incompatible avec notre campagne. Absolument incompatible avec la relance du Parti Québécois qu’on est en train de réussir en rassemblant», a-t-il affirmé, plaidant qu’il n’avait pas encore réussi à s’entretenir avec M. Vanier afin d’entendre sa version des faits.
Toujours sur le bulletin
Le 3 octobre, le nom des deux candidats figurera néanmoins sur les bulletins de vote sous la bannière du Parti Québécois.
«Advenant son élection, il serait élu comme indépendant», a assuré PSPP. C’est «au peuple de choisir» s’ils ont leur place à l’Assemblée nationale, dit-il.
«Ils font valoir, et il faut entendre cet argument-là […] qu’on ne peut pas juger un individu pour sa campagne, entièrement sur un événement, une publication Facebook de 2015», a-t-il argumenté.
Paul St-Pierre Plamondon signale qu’il ne détient pas le pouvoir, comme chef, de retirer une candidature. Il plaide que cette situation n’affecte pas son leadership.
Ainsi, chaque vote pour ces candidats rapportera beaucoup d’argent à la formation souverainiste. Les équipes du PQ ne pourront leur venir en aide afin de faire sortir le vote. Les candidats ont dû quitter les bureaux du PQ et ils ont été retirés du site internet de la formation.
Plusieurs publications
Des publications controversées du candidat de Rousseau pour le Parti Québécois ont refait surface vendredi matin, à trois jours du vote.
En juin 2015, le candidat avait publié un texte s’attaquant aux musulmans afin de démontrer la vigueur au travail des souverainistes.
«Donnez un marteau à un souverainiste, il se bâtira un pays. Donnez un marteau à un musulman, il tuera la démocratie. Donnez un marteau à un , il le donnera au musulman.»
Paul St-Pierre Plamondon s’est dit en colère et insatisfait parce que son équipe n’avait pas vérifié les publications Facebook du candidat.
Cependant, selon PSPP, les réseaux sociaux «éloignent» la campagne électorale «de l’essentiel».
«Ça semble de toute évidence plus facile de faire une erreur ou tenir des propos que, pas longtemps après, on ne pense pas vraiment. C’est ça que j’ai eu comme discussion avec monsieur Vanier et madame Provost. Ils ne le pensent pas», mentionne-t-il.
D’autres publications:
«Pour les personnes qui croient les musulmans au Québec quand ils disent qu’ils sont venus ici pour faire une nouvelle vie auprès de nous. L’Islam, c’est l’islam partout. C’est la même religion, les mêmes lois, et les mêmes buts. Dominer et écraser les infidèles», a écrit Pierre Vanier en février 2016.
«C’est un secret de Polichinelle que leur tolérance de l’intolérable repose bien plus sur les milliards d’investissements islamiques que sur le libre choix, par les femmes, de leur cachot», a écrit Pierre Vanier en septembre 2016.
«J’ai le droit de ne pas partager tes croyances. J’ai le droit de ne pas aimer ta religion. J’ai le droit de le dire.» (23 août 2015)
«Au Québec, il est très probable que les mosquées sont financées par des fonds étrangers de pays arables, la propagande… etc., les poursuites légales, sans doute le port du voile pour les activistes, etc.», a écrit Pierre Vanier le 18 février 2015.
«Au peuple québécois, ne jamais oublier que les Anglais ont voulu, veulent encore et voudront toujours nous exterminer», a écrit Pierre Vanier le 12 février 2016.
Message partagé en février 2015:
«Attendez-vous que vos filles et vos petites-filles soient obligées de porter ceci avant de vous réveiller? Reprenons notre pays avant qu’il ne soit trop tard. Appuyez la charte des valeurs québécoises!», a écrit Pierre Vanier le 26 février 2015.
«Comme le disait si bien Philippe Couillard, ce problème n’existe pas au Québec! Pas encore, mais dans combien de temps si on ne se réveille pas aujourd’hui?», a écrit Pierre Vanier le 26 février 2015.
«Ça ne marche pas», réagit GND
Selon le co-porte-parole de Québec solidaire, Paul St-Pierre Plamondon «n’a pas pris une vraie décision» en agissant de la sorte.
«Si mes informations sont bonnes, ces deux personnes-là seront sur les bulletins de vote, elles seront identifiées au Parti Québécois», a observé Gabriel Nadeau-Dubois.
En conséquence, le Parti Québécois récoltera le financement en conséquence. «Ça ne marche pas», a résumé M. Nadeau-Dubois lors d’une mêlée de presse à son arrivée à Gatineau.
Cette situation pourrait aussi poser un enjeu lorsque viendra le temps de déterminer l’ordre des groupes parlementaires à l’Assemblée nationale.
«Pour départager des groupes d’opposition à l’Assemblée nationale, le premier critère, c’est celui du nombre de députés, mais le pourcentage de votes, le nombre de votes exprimés compte également», a-t-il rappelé.
«Si on veut qu’une personne ne soit plus dans son équipe, on fait preuve de leadership et on s’assure que ces personnes-là ne soient plus sur les bulletins de vote», a plaidé M. Nadeau-Dubois.
C’est d’ailleurs ce qui s’est produit lorsque la candidate de Québec solidaire, Marie-Ève Rancourt, s’est désistée dans le comté de Camille-Laurin, après s’être fait prendre par une caméra de surveillance à subtiliser un dépliant de son adversaire péquiste, Paul St-Pierre Plamondon.
Son nom sera rayé des bulletins de vote le 3 octobre.
– Avec la collaboration de Marc-André Gagnon, Bureau parlementaire