Dans le but de contrecarrer l’essor présumé des meublés touristiques type Airbnb qui contribuent à la flambée des prix de l’immobilier et à la diminution des logements disponibles pour les résidents à l’année, plusieurs initiatives politiques ont vu le jour ces derniers jours.
Le 4 mai dernier, la Ville de Paris a annoncé son intention d’interdire la création de nouveaux meublés touristiques dans certaines zones dites de « surtourisme », celles où la demande est forte toute l’année mais où l’offre de logements est insuffisante. Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire socialiste de Paris, a ajouté lors d’une conférence de presse que « des secteurs entiers de Paris vont être interdits aux créations de nouveaux meublés touristiques parce que nous considérons que l’offre est déjà très abondante et nous visons un étalement et un équilibre d’implantation dans Paris intra-muros. L’enjeu est simple, c’est d’essayer de réguler, voire de juguler, la pression du marché qui fait réduire le stock de logements disponibles au profit des résidents permanents vers des usages détournés ». Parmi ces zones concernées, on retrouve le Paris Centre, le canal Saint-Martin, les Grands Boulevards, les Champs-Elysées ou encore Montmartre.
Cette mesure, qui ne prévoit pas de quotas chiffrés, ne s’appliquera pas aux propriétaires qui louent occasionnellement leur résidence principale pendant 120 jours maximum par an, mais uniquement aux loueurs professionnels. La ville, qui comptait 43 000 meublés touristiques à l’automne 2022, espère également profiter d’une proposition de loi qui sera débattue à l’Assemblée nationale en juin pour réguler la transformation de bureaux en meublés de tourisme.
Les élus redoutent à présent que l’appétit des investisseurs ne se tourne désormais vers les bureaux, pour lesquels il n’existe encore aucun outil de régulation, après avoir jeté leur dévolu sur les petits commerces, dont la transformation est aujourd’hui réglementée. Selon Dorine Bregman, adjointe chargée des commerces à Paris Centre, un commerce sur huit a été transformé en meublé touristique au cœur de la capitale entre 2020 et 2022.
Longtemps dépourvue d’outils efficaces face à la prolifération des meublés touristiques, la Ville de Paris a considérablement renforcé son arsenal juridique ces dernières années. Depuis 2014, elle a instauré un dispositif d’autorisation de changement d’usage avec compensation en cas de transformation d’un logement en meublé touristique. Depuis 2022, la réglementation parisienne exige même que la surface soit compensée jusqu’au triple dans certains quartiers. Les règles se sont également durcies pour les commerces, dont le changement d’usage en meublé touristique est désormais soumis à l’autorisation de la mairie depuis janvier 2022.
L’année dernière, la plateforme Airbnb, critiquée par la Ville, a en outre été condamnée à une amende de 8 millions d’euros pour avoir publié un millier d’annonces sans numéro d’enregistrement. « Aujourd’hui, les outils de régulation montrent leurs premiers effets positifs et on assiste à un tassement du nombre de meublés touristiques déclaré », a souligné M. Grégoire.
La lutte contre les meublés touristiques s’étend sur l’ensemble du territoire français et les élus de plusieurs autres villes, comme Bordeaux ou Lyon, ont également pris des mesures pour freiner leur expansion. Le sujet est devenu l’un des thèmes les plus discutés parmi les politiciens ces dernières semaines, avec de plus en plus de voix s’élevant en faveur de la régulation des plateformes de location de logements courts séjours afin de favoriser la construction de nouveaux logements pour les résidents à l’année.