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Ons Jabeur, la championne de tennis « ministre du bonheur » des Tunisiens

Ons Jabeur, la championne de tennis « ministre du bonheur » des Tunisiens


« Poooooo po-po-po-po poo pooooo ! » Sous la tiédeur du soleil couchant, le chant d’un spectateur, clin d’œil au tube des White Stripes, Seven Nation Army, fuse dans les tribunes. Les drapeaux tunisiens s’agitent dans un brouhaha d’allégresse. Une femme, la vingtaine, débardeur beige, brandit une pancarte. Entre des balles de tennis dessinées comme des bulles de champagne, deux phrases : « Yalla Ons ! You’re my biggest inspiration. » Quelques rangées plus loin, une petite fille s’est colorié les lèvres aux couleurs nationales, moitié blanc, moitié rouge. Des spectatrices, voilées ou non, ont enfilé le maillot de la sélection tunisienne de football, des hommes agitent des écharpes.

Ce 4 octobre, à Monastir, ville côtière de Tunisie, il règne une douce euphorie sur le court central de l’hôtel Skanes. L’établissement, avec ses huit courts de tennis en dur, au revêtement impeccable, est l’un des nombreux complexes surdimensionnés et « all inclusive » qui longent la mer, coincés entre la Méditerranée et l’aéroport Habib Bourguiba. C’est là, à côté d’un terrain vague et d’une école hôtelière à la façade décrépite, que la Tunisie accueille le premier tournoi estampillé WTA (Women’s Tennis Association) de son histoire.

Ce soir-là, Ons Jabeur, 28 ans, savoure. Plus que sa qualification anecdotique pour le deuxième tour contre une modeste Américaine, la Tunisienne profite de la joie du public. Joues rebondies, grand sourire et multiples succès : dans son pays, la joueuse a gagné le surnom de « ministre du bonheur ». En anglais puis en arabe, elle remercie tout le monde. D’abord les quelque 2 500 spectateurs venus remplir les petites tribunes encore aux trois quarts vides la veille, puis les organisateurs. Mais ce sont ses récentes victoires qui ont rendu cet événement possible.

Ons Jabeur, lors de son match contre l’Américaine Ann Li, à Monastir (Tunisie), le 4 octobre 2022.

En janvier 2020, juste avant la pandémie de Covid-19, elle est devenue la première Arabe à atteindre les quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem, à l’Open d’Australie. Le début d’une longue série de premières. Il y eut son entrée dans le Top 10 mondial, à l’automne 2021. Puis, après la finale (perdue) début septembre à l’US Open, Ons Jabeur est devenue numéro 2 mondiale, derrière la Polonaise Iga Swiatek. Les médias anglophones lui ont trouvé un surnom, « Onstoppable », dérivé d’unstoppable (« inarrêtable »).

L’Afrique n’est plus un continent invisible dans ce sport dominé par l’Europe et les Américaines, où ­s’incrustaient parfois quelques Asiatiques et Australiennes. Du 31 octobre au 7 novembre, lors du Masters féminin, où doivent ­s’affronter à Fort Worth, au Texas, les meilleures joueuses mondiales, le drapeau tunisien flottera donc aux côtés de ceux de la Pologne, des Etats-Unis ou de la France.

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