La trajectoire actuelle des politiques en matière d’énergie nous conduit à un réchauffement climatique global de +3,2°C d’ici 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce réchauffement aura des impacts irréversibles et engendrera de nombreux risques pour les systèmes humains et naturels. Malheureusement, les émissions liées aux infrastructures fossiles actuelles et planifiées excèdent déjà les émissions nettes cumulées des scénarios visant à limiter le réchauffement à +1,5°C.
Dans ce contexte, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a souligné qu’il n’y avait plus de place pour de nouveaux projets fossiles si l’on souhaite atteindre une émission nette zéro d’ici 2050. Seule une réduction drastique, immédiate et durable des émissions de gaz à effet de serre permettra un ralentissement significatif du réchauffement climatique.
Cependant, TotalEnergies, la multinationale pétrolière française, continue de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers, malgré les risques climatiques. De fait, TotalEnergies a approuvé le plus grand nombre de nouveaux projets pétroliers et gaziers en 2022, qui ne contribuent pas à la décarbonisation de l’économie.
Le projet d’oléoduc Eacop en Ouganda et en Tanzanie de TotalEnergies est symptomatique des projets climaticides des majors pétrolières. En dépit des conclusions de l’AIE et du GIEC, TotalEnergies souhaite développer le plus long oléoduc chauffé au monde (1 443 kilomètres), qui émettra plus de 379 millions de tonnes équivalent CO2 sur vingt-cinq ans. Ce pipeline met en péril des zones à la biodiversité particulièrement sensible et a déjà contribué à des violations avérées des droits humains en Ouganda et en Tanzanie. Dans un monde où la décroissance rapide des énergies fossiles est nécessaire, ce projet est absurde. Les majors pétrolières ont toujours cherché à orienter la demande énergétique future vers les énergies fossiles.
Face aux nombreuses critiques, TotalEnergies défend l’idée selon laquelle elle ne ferait que « répondre à la demande » en développant ses projets pétroliers et gaziers, un argument fallacieux selon de nombreuses personnes. Tout d’abord, cet argument ne fait pas la différence entre demande et besoins. La demande énergétique actuelle ne correspond pas nécessairement aux besoins des populations. De plus, les producteurs ont toujours cherché à orienter la demande énergétique future vers les énergies fossiles, comme l’ont illustré les nombreux lobbyistes de l’industrie fossile présents lors de la dernière COP27 et l’absence d’une mention prévue d’une sortie des énergies fossiles dans le texte final.
Il est donc temps de repenser nos besoins énergétiques et de refuser tout nouveau projet fossile pour atteindre l’émission nette zéro en 2050, avec une réduction drastique, immédiate et durable des émissions de gaz à effet de serre.
