L’équipementier Nike a annoncé vendredi soir avoir suspendu son partenariat avec le basketteur Kyrie Irving, au cœur d’une tempête médiatique depuis sa promotion d’un film antisémite, qui a également conduit son club de NBA des Nets de Brooklyn à le mettre à l’écart.
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«Chez Nike, nous pensons qu’il n’y a pas de place pour les discours de haine et nous condamnons toute forme d’antisémitisme», a dit l’entreprise dans un communiqué.
«À cette fin, nous avons pris la décision de suspendre notre collaboration avec Kyrie Irving, avec effet immédiat», a poursuivi Nike sans préciser jusqu’à quand, ni si cela augure d’une rupture.
En attendant, «le lancement dans le commerce de la chaussure « Kyrie 8″», élaborée avec le joueur, «n’aura pas lieu», comme cela était prévu ce mois-ci, a ajouté la marque à la virgule, se disant «profondément attristée et déçue par cette situation et son impact sur tout le monde».
Cette décision fait écho à celle plus forte et définitive encore d’Adidas, qui avait rompu il y a dix jours le contrat liant la marque aux trois bandes avec le rappeur Kanye West, suspendu de Twitter et Instagram après avoir écrit qu’il allait s’attaquer aux juifs.
Irving, qui a fini par présenter ses excuses «à toutes les familles et communautés juives qui ont été blessées et affectées» par son message, n’est lui pas encore totalement lâché, ni par son club, ni la NBA qui ne l’a pas encore sanctionné, ni par Nike donc.
Les Nets l’ont néanmoins suspendu pour au moins cinq matches de championnat jeudi, se disant «consternés par son incapacité à désavouer l’antisémitisme» et par son refus trop longtemps persistant de s’excuser pour avoir fait la promotion sur ses réseaux sociaux d’un film à caractère antisémite, Hebrews to Negroes: Wake Up Black America en mettant des liens vers le site d’Amazon pour le louer ou l’acheter.
Cette mise à l’écart pourrait néanmoins durer plus longtemps, la franchise Brooklyn expliquant qu’au-delà des excuses formulées, il restait du chemin à faire.
«Les actions sont plus éloquentes que les mots. Et donc il aura du temps pour réfléchir à tout ça», a dit le manager général des Nets, souhaitant notamment qu’Irving «rencontre des leaders de la communauté juive de Brooklyn afin de s’éduquer sur les questions liées à l’antisémitisme».
Les Nets n’ont pas songé à se séparer d’Irving
S’ils estiment avoir agi au mieux en suspendant Kyrie Irving, qui a fini par s’excuser d’avoir fait la promotion d’un film antisémite, les Nets assurent ne pas avoir songé à se séparer de lui, attendant de sa part plus que des regrets formulés.
«Non. Pas à ce moment-là», a répondu vendredi le directeur général Sean Marks, à un journaliste lui demandant si le club avait envisagé de rompre le contrat le liant à la vedette, à la suite de son dérapage et de son refus persistant, une semaine durant, de présenter des excuses.
«Je pense que c’était le meilleur plan d’action. En l’état, il est juste suspendu», a insisté le dirigeant de Brooklyn, qui a fait le voyage à Washington avec l’équipe, pour le match contre les Wizards.
Une rencontre que la vedette ne jouera pas, puisque la sanction infligée par les Nets vaut pour cinq matchs.
Marks a dit que les excuses du champion NBA 2016 (avec Cleveland), exprimées quelques heures à peine après l’annonce de sa suspension, étaient «une bonne première étape», mais qu’il restait du chemin à faire.
«Je pense qu’après une telle affaire, on espère toujours du changement, notamment dans l’attitude. Les actions sont plus éloquentes que les mots. Et donc il aura du temps pour réfléchir à tout ça», a-t-il ajouté, souhaitant notamment qu’Irving «rencontre des leaders de la communauté juive de Brooklyn afin de s’éduquer sur les questions liées à l’antisémitisme».
«Il va devoir discuter avec eux. Puis nous évaluerons la situation au sein du club et nous verrons si c’est le bon moment pour le faire revenir», a conclu Sean Marks, laissant entendre que Irving pourrait donc être écarté plus que le temps de cinq matches.
Durant guère inspiré
D’autant que si la NBA s’est montrée bien trop passive, se contentant de blâmer la vedette jeudi, son patron Adam Silver a dit vouloir le rencontrer en personne la semaine prochaine.
Réclamée par de nombreuses voix, qui ont critiqué la ligue pour ne pas avoir sévi jusque-là, une sanction supplémentaire pourrait donc frapper Irving.
«À toutes les familles et communautés juives qui ont été blessées et affectées par mon message, je suis profondément désolé et je vous présente mes excuses», a fini par déclarer Irving, longtemps dans le refus, arguant qu’il était furieux de se voir accoler «l’étiquette d’antisémite».
Questionné vendredi sur la suspension de son coéquipier, Kevin Durant, l’autre vedette de l’équipe, a répondu qu’il faisait «confiance au club pour faire ce qui est juste», tout en disant «ne pas avoir aimé ce qui s’est passé», sans préciser quoi exactement.
«J’ai l’impression que tout cela n’était pas nécessaire, que nous aurions pu continuer à jouer au basket et que l’équipe aurait pu rester tranquille», a-t-il ajouté.
Une clarification de ses propos s’imposait et Durant l’a fait en tweetant: «Je ne tolère pas les discours de haine ni l’antisémitisme.»