C’est un exercice auquel il est désormais rodé. Revêtu d’une scintillante gandoura blanche et d’un turban doré, c’est d’un pas lent, au rythme des airs joués par les musiciens qui l’entourent, que Nabil Mbombo Njoya se présente, ce 5 novembre, à Foumban (ouest) devant le gratin de la communauté bamoun. Les invités, qui comptent parmi les plus fortunés du royaume, ont précédé leur hôte dans la salle du musée des rois. Il y a là Yap Abdou, le président de la Chambre des comptes de la Cour suprême, Nourdine Menawa, un homme politique en vue membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), ou encore l’ancien directeur général de la compagnie aérienne Camair Co, Louis-Georges Njipendi Kouotouo.
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Si le sultan a ainsi rassemblé ses administrés, c’est pour leur présenter son projet politique. Il y travaille depuis sa prise de fonction, en octobre 2021, et a même reçu l’appui du bureau local de l’Unesco. Le document explique comment il compte développer Foumban d’ici à 2050. Élevé entre cette ville et Yaoundé, formé à la Saint-John’s University de New York, Nabil Mbombo Njoya explique qu’il veut « faire du royaume bamoun un modèle de management traditionnel et un pôle d’attractivité culturel et économique ».
Vent de modernité
Jamais chef traditionnel camerounais n’avait encore présenté pareil projet, et le jeune sultan (il a 29 ans) le sait : le vent de modernité qu’il s’attelle à faire souffler sur Foumban peut nourrir des résistances, et provoquer querelles et conflits de compétences. Dix-sept années durant, son père l’a préparé à prendre sa suite. Il connaît la cour et ses chausses-trappes, il sait l’âpreté des rivalités politiques et l’importance des rapports avec Yaoundé. Alors il a tenu à clarifier ses intentions.