Le projet « se poursuivra comme stipulé dans le contrat que nous avons avec TotalEnergies et [le géant pétrolier chinois] Cnooc », a déclaré Yoweri Museveni sur Twitter. « TotalEnergies m’a convaincu de l’idée d’oléoduc ; s’ils choisissent d’écouter le parlement européen, nous trouverons un autre partenaire avec qui travailler », a-t-il ajouté. « Dans tous les cas, notre pétrole sera extrait en 2025 comme prévu. Le peuple ougandais ne doit donc pas s’inquiéter », a-t-il souligné. Président de l’Ouganda depuis 1986, Yoweri Museveni a loué par le passé ce projet, citant notamment les retombées économiques pour le pays.
À Lire
Ce que TotalEnergies veut faire en Afrique : un nouveau nom pour de nouvelles ambitions ?
Un peu plus tôt dans la journée, le Parlement ougandais avait vertement dénoncé la résolution adoptée la veille – le 15 septembre – par les eurodéputés épinglant le mégaprojet. « Ce sont des projets qui ont été approuvés par le Parlement de l’Ouganda, le parlement d’un pays souverain, et tout ce qui va à son encontre est un affront à l’indépendance de cette chambre et nous ne pouvons pas le prendre à la légère », a réagi le vice-président du Parlement, Thomas Tayebwa, dans un communiqué.
Faisabilité d’un autre itinéraire ?
TotalEnergies a annoncé en février un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et Cnooc, comprenant notamment la construction d’un oléoduc de plus de 1 400 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne.
Dans une résolution non contraignante, le Parlement européen s’est dit « extrêmement préoccupé par les violations des droits de l’homme » commises dans ces deux pays, citant « arrestations, actes d’intimidation et harcèlement judiciaire contre les défenseurs des droits humains et les organisations non gouvernementales ».
À Lire
Pétrole en Ouganda : bataille autour du lac Albert
Estimant que plus de 100 000 personnes risquent d’être déplacées sur le tracé de l’oléoduc, les eurodéputés ont réclamé un « dispositif de compensation adéquat pour les personnes expropriées ». En outre, le Parlement européen demande au groupe TotalEnergies de retarder d’un an le projet afin d’étudier « la faisabilité d’un autre itinéraire permettant de mieux préserver les écosystèmes protégés et sensibles et les ressources en eau de l’Ouganda et de la Tanzanie ».
« Un signal politique fort »
Juliette Renaud, responsable de campagne à l’ONG Les Amis de la Terre France, a estimé que cette résolution envoyait « un signal politique fort contre les projets Tilenga et Eacop de Total, dont les coûts humains, environnementaux et climatiques sont indéniables et tout simplement inacceptables ». TotalEnergies a assuré, le 15 septembre, qu’il mettait « tout en œuvre pour en faire un projet exemplaire en termes de transparence, de prospérité partagée, de progrès économique et social, de développement durable, de prise en compte environnementale et de respect des droits humains ».
À Lire
Standard Bank, dernier allié africain de TotalEnergies sur son mégaprojet en Ouganda ?
Sous les eaux et sur les rives du lac Albert, barrière naturelle de 160 km séparant l’Ouganda de la République démocratique du Congo, repose l’équivalent de 6,5 milliards de barils de brut, dont environ 1,4 milliard récupérables dans l’état actuel des découvertes. Les réserves de l’Ouganda peuvent durer entre vingt-cinq et trente ans avec un pic de production estimé à 230 000 barils par jour.
Avec AFP