L’opposant marocain Mohammed Ziane, ancien bâtonnier de Rabat et ministre des droits de l’homme entre 1995 et 1996, a été arrêté et incarcéré, lundi 21 novembre dans la soirée, après avoir été condamné en appel à trois ans de prison ferme, a-t-on appris de source judiciaire et auprès de son fils.
« Il a été transféré à la [près de Rabat]. Il n’a même pas été notifié légalement [de sa condamnation] et il n’a jamais comparu », a expliqué, à l’Agence-France-Presse, Ali Reda Ziane, un avocat de M. Ziane. « Il a été condamné [par la cour d’appel de Rabat] pour toutes les charges possibles et imaginables, c’est une aberration que je n’ai jamais vue », a protesté le fils de l’opposant.
Onze chefs d’accusation
Dans un communiqué, le parquet a précisé que « les services de la police judiciaire compétente, et sur instruction du ministère public, ont arrêté l’intéressé et l’ont incarcéré en exécution des dispositions de la décision d’appel ».
M. Ziane, âgé de 79 ans, était poursuivi en vertu d’une plainte du ministère de l’intérieur marocain, pour onze chefs d’accusation, dont ceux d’« outrage à des fonctionnaires publics et à la justice », « injure contre un corps constitué », « diffamation », « adultère » ou encore « harcèlement sexuel ».
Il avait été condamné le 23 février à trois ans de prison ferme et à une amende de 5 000 dirhams (470 euros) mais il avait été laissé en liberté.
Fondateur du Parti marocain libéral (PML), ce grand commis de l’Etat s’est fait connaître par des déclarations critiques à l’encontre du pouvoir, en particulier des services de renseignement marocains.
Proche des cercles du pouvoir, il fut également l’avocat du gouvernement dans les années 1990. Ces dernières années, il est devenu célèbre pour son franc-parler envers l’appareil sécuritaire marocain.