Que l’été 2021 semble loin. Ce temps où Mélanie De Jesus Dos Santos avait perdu le sourire. La gymnaste française sortait alors extrêmement déçue de ses premiers Jeux olympiques, à Tokyo. Une sixième place aux barres asymétriques comme meilleur résultat, loin des attentes qui reposaient sur ses épaules. Lessivée, la quadruple championne d’Europe avait même songé à mettre un voile sur sa carrière, à seulement 21 ans (elle en a eu 22 en mars).
Quatorze mois plus tard, elle sera pourtant bien la cheffe de file de la délégation tricolore aux championnats du monde de Liverpool (Royaume-Uni), du 29 octobre au 6 novembre. La Française a retrouvé le plaisir de la gymnastique grâce à un exil salvateur aux Etats-Unis, où elle s’entraîne depuis son retour, en mai, après une blessure au genou.
« Après les Jeux olympiques, j’avais besoin de changement, confie-t-elle au Monde. Je ne savais pas si j’avais envie de continuer la gym. J’en avais marre de ma routine en France, et, pour mon bien-être, il fallait que je parte. » « L’idée de revenir dans les mêmes conditions qu’auparavant pour préparer de grandes échéances lui pesait énormément », explique Kévinn Rabaud, directeur technique national (DTN) de la Fédération française de gymnastique.
Débarquée à 12 ans au pôle France de Saint-Etienne depuis la Martinique, Mélanie De Jesus Dos Santos y passera dix années sous la houlette d’Eric et Monique Hagard. Avant de traverser l’Atlantique et de s’installer à Spring, Texas, où elle a intégré le World Champions Centre, la structure d’entraînement de la légende mondiale de la discipline, l’Américaine Simone Biles.
« Un autre regard sur la gym »
C’est d’ailleurs la quadruple championne olympique qui a soufflé à ses entraîneurs l’idée de faire venir la Française au Texas, après une première invitation à participer à une tournée, en 2021. Mélanie De Jesus Dos Santos décide rapidement de faire le voyage. « Elle voulait savoir s’il existait une autre façon de s’entraîner, une autre manière de faire du haut niveau », raconte la Française Cécile Landi, l’entraîneuse principale du centre, avec son mari, Laurent.
Grâce au couple expatrié aux Etats-Unis depuis 2004, la Martiniquaise a découvert « un autre regard sur la gymnastique ». Les séances débutent à 7 heures, au lieu de 10 heures à Saint-Etienne. « Ça m’a vraiment changée », rigole-t-elle. Mais au-delà des réveils matinaux, c’est la charge de travail individualisée qui a séduit Mélanie De Jesus Dos Santos. « Les entraînements sont assez différents de ceux de la France, raconte son entraîneuse. Les techniques sont différentes, et puis, à son âge, on lui apprend à ne pas faire trop de répétitions pour rien, à privilégier la qualité à la quantité. »
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