La première ministre, Elisabeth Borne, ne pouvait qu’appeler à « poursuivre le dialogue », en concluant, vendredi 28 octobre à Matignon, sa « convention des partenaires » sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, boudée par les indépendantistes. Sans prononcer ce dernier mot, a-t-elle convenu, « les échanges ont été incomplets en raison de l’absence d’une partie des forces politiques ». Et tous les présents, a-t-elle rapporté, ont rappelé « la nécessité de rechercher le consensus ». Mais sans attendre, le gouvernement estime que le long processus devant conduire à « la définition d’un projet pour la Nouvelle-Calédonie est désormais engagé ».
Depuis les trois référendums qui ont rejeté l’indépendance depuis 2018, mais dont le dernier a été boycotté par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) en décembre 2021, le chemin tracé par l’accord de Nouméa de 1998 vers la « pleine souveraineté » de l’île est bouché, et le consensus, introuvable. Matignon fait de ces scrutins, validés par le Conseil d’Etat, un préalable. Mais si les loyalistes estiment avoir dit « trois fois non » à l’indépendance et veulent passer à autre chose, les indépendantistes campent sur leur avantage, faire jouer la montre, en rejetant un scrutin « illégitime ».
Questions brûlantes
Dix groupes de travail vont être organisés par le haut-commissaire Patrice Faure, à Nouméa, sur les thèmes suivants : questions institutionnelles, égalité des chances et cohésion sociale, développement économique et grands investissements, nickel, souveraineté énergétique, souveraineté alimentaire et sujets fonciers, valeurs identité commune et réconciliation, intégration régionale. Le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, qui entend bien prendre la main sur le dossier, ira en principe fin novembre en Nouvelle-Calédonie avec son ministre délégué Jean-François Carenco pour installer ces réunions. Le gouvernement espère conclure les travaux « mi-2023 ».
La réunion de Paris n’a pas été la vitrine espérée par l’exécutif. Elle a eu lieu trop tôt et son format associant les milieux économiques était trop large, jugent les indépendantistes. Les questions institutionnelles brûlantes, notamment le transfert de compétences régaliennes et la redéfinition nécessaire d’ici à 2024 du corps électoral calédonien, retrouveront leurs cénacles habituels hors des yeux de la société civile, en se tenant « dans un format politique ad hoc », a promis Elisabeth Borne.
M. Darmanin n’a pas assisté à tous les échanges. Mais, aux yeux d’un camp loyaliste très à droite et inquiet de la dépression économique et sociale de l’île, il est l’homme idoine, qui a réussi à asseoir son autorité sur le dossier. Conviant les plus durs à « la sobriété déclarative », rappelant aux autres que « le consensus politique local reste un préalable au consensus national », et demandant à tous de ne pas bloquer d’emblée les discussions avec « le caillou » de la réforme ultra-sensible du corps électoral, il a surpris positivement lors des réunions bilatérales de jeudi par sa connaissance du sujet.
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