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Maltraitance animale: elle élève 123 chiens… chez elle

Maltraitance animale: elle élève 123 chiens... chez elle


Une éleveuse de Lanaudière qui accueille 123 chiens chez elle pourra continuer d’héberger autant de bêtes malgré l’adoption d’un nouveau règlement qui limite le nombre d’animaux à 50.

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L’odeur d’ammoniac monte à la gorge lorsqu’on entre au deuxième étage de la maison de la propriétaire, qui a demandé à garder l’anonymat et n’a jamais été sanctionnée en lien avec le bien-être animal. 

Plusieurs dizaines de chiens entassés commencent à aboyer et à sauter dans les airs. 


Des dizaines de chiens se sont mis à aboyer et à sauter dès que nous avons poussé la porte du deuxième étage de la maison de l’éleveuse, dans Lanaudière.

Capture d’écran, J.E

Des dizaines de chiens se sont mis à aboyer et à sauter dès que nous avons poussé la porte du deuxième étage de la maison de l’éleveuse, dans Lanaudière.

«Cet hiver, je suis sûre que ça a monté à 150 [chiens]», indique la dame dans la cinquantaine, qui se dit détentrice d’une certification d’éleveuse depuis 1995. 

Son entreprise ne vend que des chiots. «Par mois, on pourrait avoir entre cinq et sept portées de chiens», décrit-elle en entrevue à l’émission J.E, diffusée ce week-end à LCN.

En août dernier, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a pourtant adopté un règlement pour empêcher les éleveurs de détenir plus de 50 chats ou chiens. Toutefois, Québec va octroyer un droit acquis à tous ceux qui avaient plus de 50 bêtes avant le 25 août.

La situation pourra perdurer «tant que le ministre ne suspend, n’annule ou ne refuse de renouveler ce permis», indique Yohan Dallaire Boily, porte-parole du MAPAQ, par courriel. 

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UN PROBLÈME

C’est un problème, selon Nancy Ménard Cheng, cofondatrice de l’Union des éleveurs canins du Québec. 

«Ça me scandalise parce que ce n’est pas ça l’objectif du règlement. […] On passe à côté de la cible parce que l’idée, c’est de réduire le nombre d’éleveurs qui font de l’élevage intensif comme ça», dit-elle. 

Dans un mémoire transmis au MAPAQ en lien avec le nouveau règlement, l’Association québécoise des SPA et SPCA (AQSS) estime que « les risques de négligence augmentent de façon importante dans les élevages à grande échelle qui sont, la plupart du temps, surpeuplés ». 

«Il devient […] très difficile de maintenir un niveau de soin acceptable lorsque les élevages prennent trop d’ampleur», observe l’Association, qui abaisserait même la limite à 20 et appliquerait le règlement à tous les animaux, pas seulement les chiens et les chats.

PROBLÈMES RÉGLÉS

L’éleveuse de Lanaudière que nous avons rencontrée a d’ailleurs reçu la visite du MAPAQ en avril dernier, et affirme avoir remédié aux problèmes soulevés par le ministère. 

Elle dit avoir ensuite reçu une lettre qui lui indique qu’elle bénéficiera du droit acquis. 

«On ne sera pas obligé d’être à 50», explique-t-elle, soulagée. 

Deux inspecteurs liés au MAPAQ à qui nous avons montré les photos, et qui ont requis l’anonymat parce qu’ils ne sont pas autorisés à parler aux médias, estiment qu’il y a suffisamment d’espace pour les animaux et que ces derniers semblent bien nourris. 

La dame admet qu’elle ne veut pas se départir des chiens qui ne sont plus en âge de se reproduire. 

«Je trouve ça “loser” de dire que maintenant que tu ne me rapportes plus d’argent, sors de ma vie».

 

Des permis à des récidivistes

Québec n’a refusé qu’une seule demande de renouvellement de permis pour la garde d’animaux depuis 2015. Il a ainsi donné le feu vert à plusieurs individus reconnus coupables de négligence. 

C’est le MAPAQ qui a transmis cette information à notre Bureau d’enquête. 

John-Nicolas Morello, avocat et cofondateur de la communauté Droit animalier Québec, croit qu’il s’agit là d’un des nombreux problèmes en ce qui concerne l’application de la loi sur le bien-être animal au Québec. 

Il soutient qu’un meilleur contrôle serait nécessaire pour la délivrance des permis afin d’éviter des cas de refuges qui changent de nom et qui commettent les mêmes infractions. 

«Quand ils [délivrent] des permis, est-ce qu’ils font une vérification suffisante de l’âme dirigeante de cette entreprise? Est-ce que les acteurs ont déjà été condamnés pour la maltraitance des animaux?» se demande-t-il. 

SÉRIEUSES LACUNES

L’an dernier, l’Association québécoise des SPA et SPCA (AQSS) a publié un mémoire dans lequel elle soulève de sérieuses lacunes dans le processus de délivrance de permis. 

«Après avoir émis des avis de non-conformité à des lieux de garde détenteurs de permis, même à répétition, nos inspecteurs constatent que ces lieux de garde conservent leur permis», peut-on y lire. 

L’AQSS déplore le fait que «le mode de fonctionnement actuel ne prévoit aucun mécanisme par lequel les inspecteurs de SPA/SPCA peuvent transmettre au ministère une recommandation relative à la suspension, la révocation ou le non-renouvellement d’un permis». 

«Il est arrivé à plusieurs reprises qu’un permis soit renouvelé par le MAPAQ à l’encontre de l’avis, exprimé de manière informelle, de nos inspecteurs», souligne même l’Association. 

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