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Maintenus en Ligue 2, les Girondins de Bordeaux envisagent à nouveau un avenir sportif

Maintenus en Ligue 2, les Girondins de Bordeaux envisagent à nouveau un avenir sportif


L’entraîneur bordelais David Guion transmet des consignes à ses joueurs lors du match de Ligue 1 entre Bordeaux et Saint-Etienne, le 20 avril 2022, à Bordeaux.

Dans l’expectative depuis plus d’un mois, Vital N’Simba va enfin pouvoir se projeter sur la saison prochaine. Arrivé de Clermont en juin pour signer aux Girondins de Bordeaux, le défenseur congolais de 29 ans s’entraîne depuis plusieurs semaines, sans contrat, avec le club au scapulaire. Il attend son homologation depuis la décision prise le 14 juin par la direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), le gendarme financier du football français, de rétrograder administrativement les Girondins en National 1.

La décision prise par le comité exécutif de la Fédération française de football (FFF), mercredi 27 juillet, vient éclaircir l’avenir de N’Simba, comme celui de tous les joueurs de l’effectif bordelais. L’instance de la FFF a décidé de réintégrer les Girondins en Ligue 2, allant dans le sens de la conciliation proposée lundi par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF).

Pour le club centenaire, monument historique du football français, cette décision est à la fois un immense soulagement – elle permet d’éviter un dépôt de bilan qui semblait inéluctable en cas de rétrogradation dans le monde amateur – et une victoire, au terme de plusieurs semaines d’intenses tractations. Après la confirmation en appel, par la DNCG, de la rétrogradation administrative, le 5 juillet, Gérard Lopez, le président des Girondins, a trouvé des accords pour démontrer la capacité financière du club à poursuivre son activité la saison prochaine.

Le 19 juillet, le tribunal de commerce de Bordeaux a validé ces accords, donnant du poids au dossier des Girondins avant leur passage devant le CNOSF. Gérard Lopez a trouvé un arrangement avec les créanciers du club, les fonds d’investissement américains Fortress et King Street, pour que ces derniers abandonnent la moitié des 53 millions d’euros de dettes et pour restructurer l’autre moitié.

L’homme d’affaires a également placé sous séquestre 10 millions d’euros d’injection au capital, à travers sa holding Jogo Bonito Group, et 14 millions d’euros de garantie, montant que le club a affirmé vouloir atteindre en vente de joueurs cet été. De fait, Sékou Mara a officiellement été cédé, mardi, au club anglais de Southampton contre 11 millions d’euros.

Une présaison classique pour les joueurs

Toutes ces garanties ont achevé de convaincre le comité exécutif de la FFF. « Je suis soulagé pour l’écosystème local et je le suis aussi à titre personnel. Mais, pour moi, ce n’est qu’une étape dans la restructuration du club », déclare au Monde Gérard Lopez. Bordeaux se tourne désormais vers la saison à venir, qui débute par un premier match de Ligue 2 contre Valenciennes, samedi, au stade Matmut Atlantique. Pour cette rencontre, le président bordelais a annoncé offrir les places. Reste que, malgré le « soulagement » évoqué au sein du club, les dernières semaines ont été particulièrement mal vécues par une partie des salariés et par certains joueurs.

« La communication du club en interne a irrité l’effectif. Les dirigeants répétaient avant chaque passage devant la DNCG que tout allait bien, décrit l’agent d’un joueur des Girondins. Petit à petit, on se rendait compte que non seulement ils n’avaient pas répondu à toutes les demandes, mais qu’en plus ils avaient fait preuve d’un je-m’en-foutisme complet. Il y a des délais à respecter, et ça n’a pas été le cas. » Si la DNCG a été déjugée par le comité exécutif de la FFF, le CNOSF a précisé que la décision du gendarme financier du football français était légitime au moment où celle-ci a été prise, en raison du dossier présenté à l’époque.

Dans l’incertitude jusqu’à mercredi concernant leur avenir, tous les joueurs ont dû se préparer à un potentiel départ précipité. « On a travaillé avec d’autres clubs pour assurer un point de chute », concède Boris Laval, agent de Vital N’Simba. « On est restés en alerte, j’ai sollicité d’autres clubs au cas où », confirme l’agent d’un joueur bordelais.

Les joueurs comme le staff ont toutefois vécu une présaison classique, pour se projeter, comme si de rien n’était, vers la saison de Ligue 2. Les Girondins ont ainsi disputé cinq matchs amicaux, et les joueurs se sont préparés physiquement, comme chaque été, avant le début du championnat.

De nouveaux départs en août

Avec trois victoires, un nul et une défaite en cinq matchs amicaux, l’entraîneur du club, David Guion, s’est dit « satisfait » de la présaison. Sans mot dire sur l’avenir du club. Une implication de l’effectif qui s’explique par le fait que « cette préparation était utile dans tous les cas aux joueurs, que leur avenir s’écrive à Bordeaux ou ailleurs », soutient Boris Laval.

Si Bordeaux n’est pas largué sur le terrain, le club a pris énormément de retard concernant la restructuration de son effectif. Après celui de Sékou Mara, les Girondins s’attendent à de nouveaux départs de joueurs en août (Alberth Elis, Hwang Ui-jo, Junior Onana…). Mardi 2 août, le club va devoir passer une dernière fois devant la DNCG, qui peut décider d’encadrer sa masse salariale ou l’interdire de recrutement.

« L’objectif sera toujours la montée [en Ligue 1], s’ils nous laissent travailler normalement », assure Gérard Lopez, conscient que les Girondins devront embaucher plusieurs joueurs en août. Un mauvais départ en Ligue 2 compromettrait cet objectif puisque seules deux équipes seront promues l’an prochain en première division, en raison du passage à dix-huit clubs dans l’élite en 2023-2024.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La chute des Girondins de Bordeaux, un monument du football français

« On y croit, on ne serait pas là autrement. Avec cinq ou six arrivées de qualité, le onze peut être très solide », assure Boris Laval. De son côté, l’autre agent est moins optimiste : « Vu le retard qu’ils ont pris, j’ai du mal à voir Bordeaux remonter directement. Et la même situation [devant la DNCG] aura lieu dans un an. Avec les personnes qui sont à la tête du club, malheureusement, ce qui se passe, c’est une fuite en avant. » « On repart sur une base très solide financièrement pour reconstruire », rétorque Gérard Lopez.

Considérée comme dramatique fin mai après la relégation du club de la Ligue 1, la présence de Bordeaux en Ligue 2 fait désormais office de miracle. Les supporteurs se sont félicités de la décision de la FFF, comme en juillet 2021, lorsque la DNCG avait validé le rachat du club par Gérard Lopez, alors que les Girondins s’apprêtaient à couler à la suite du retrait total de Fortress et King Street. Avant de retrouver les vertiges de la Ligue 1, les Girondins n’en ont pas fini avec l’ascenseur émotionnel.



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