Le président Joe Biden, interrogé le 16 octobre par des journalistes sur la force du dollar, s’est voulu plutôt rassurant. « Je ne suis pas préoccupé par le dollar. Je suis préoccupé par le reste du monde. Notre économie est forte comme l’enfer. Il y a une inflation mondiale ». Tout cela, avec le sourire et en dégustant une glace. Cela peut paraître cynique. Mais il a raison. Partiellement.
Les Etats-Unis continuent d’utiliser le privilège exorbitant du billet vert américain pour piéger la majorité du reste du monde. La force du dollar se traduit automatiquement par une baisse des autres monnaies. C’est le cas de l’euro. La paire euro/dollar a perdu 13 % de sa valeur depuis le début de l’année 2022. Ce n’est certainement qu’un début. Chez iBanFirst, nous anticipons un point bas à 0,90 qui pourrait être atteint au cours de l’hiver, conséquence directe des difficultés d’approvisionnement à venir.
Nous ne sommes pas les plus pessimistes. Les stratèges de la banque américaine Citi visent une baisse jusque vers le niveau situé à 0,86, renforcée par la récession en zone euro (qui a certainement déjà commencé si on prend uniquement en compte les derniers indicateurs PMI) et la crise énergétique. L’hégémonie du dollar est à la fois cause et symptôme de la perte d’attractivité d’un continent européen subissant de plein fouet une inflation galopante nourrie par une crise énergétique décuplée par le taux de change défavorable des matières importées.
Les conséquences d’un marché mondial
Mais en réalité, les Etats-Unis ont-ils de quoi pavoiser ? Certaines entreprises américaines sont particulièrement exposées par le dollar fort. Et en particulier celles qui font du business à l’international. Une entreprise américaine qui réalise une partie de son chiffre d’affaires en Europe va mécaniquement constater, à activité constante, son résultat global se réduire sous l’effet des taux de change défavorables (une fois les bénéfices de ses filiales européennes rapatriés et consolidés en dollar).
En utilisant les données des gestionnaires d’actifs Morningstar et State Street Global Advisors, on peut avoir une bonne idée de l’exposition de chaque secteur d’activité aux fluctuations du dollar américain. Aux Etats-Unis, ce sont les entreprises technologiques, comme Meta, Amazon, Apple etc., qui sont les plus pénalisées par la force du dollar. C’est assez logique puisque leur marché est mondial et que très souvent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires est réalisée hors du territoire américain.
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