Des milliers de Kurdes syriens ont manifesté dimanche 27 novembre à Kamechliyé, dans le nord-est de la Syrie, pour protester contre les récentes frappes aériennes turques visant cette région contrôlée par l’administration semi-autonome kurde, a rapporté un photographe de l’Agence France-Presse (AFP).
Ankara mène depuis une semaine une opération aérienne baptisée « Griffe épée » contre les forces kurdes en Syrie et le Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, en Irak, accusé par les autorités turques d’avoir perpétré l’attentat du 13 novembre à Istanbul, qui a fait six morts. Les forces kurdes ont nié toute implication.
Après une accalmie de trois jours, la Turquie a mené de nouveaux raids aériens tôt dimanche contre des zones contrôlées par les Kurdes au nord d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.
Cinq soldats syriens ont été tués par une frappe de drone turque dans un village près de la ville de Tall Rifaat, au nord d’Alep, a précisé l’OSDH, qui a fait état d’un échange de tirs d’artillerie entre les forces kurdes et les forces turques aidées des factions syriennes qui leur sont fidèles dans la région.
Depuis le 20 novembre, au moins 64 personnes ont été tuées dans les attaques turques, qui se sont principalement concentrées dans le nord-est de la Syrie : 35 combattants parmi les Forces démocratiques syriennes (majoritairement kurdes) et leurs alliés, 28 membres des forces du régime syrien, ainsi qu’un journaliste travaillant pour une agence de presse kurde, selon l’OSDH. La plupart d’entre eux sont tombés le premier jour des raids.
« Jusqu’à quand allons-nous mourir ? »
Dimanche, dans la ville de Kamechliyé, dans la région d’Hassaké, des milliers de manifestants ont dénoncé les attaques de la Turquie ainsi que les menaces d’une offensive terrestre qu’elle fait planer. Les protestataires ont brandi le drapeau kurde rouge, jaune et vert et des portraits d’Abdullah Öcalan, le chef historique du PKK, emprisonné en Turquie, lançant des slogans hostiles au président turc, Recep Tayyip Erdogan.
« La volonté du peuple kurde ne sera pas brisée (…), nous ne quitterons pas notre terre historique », a déclaré à l’AFP Siham Sleimane, une manifestante de 49 ans. « Nous sommes victimes d’une éradication, a dit un autre protestataire, Salah El-Dine Hamou, 55 ans. Jusqu’à quand allons-nous mourir pendant que le reste du monde nous regarde ? »
Appuyées par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, les forces kurdes syriennes avaient été le fer de lance de la lutte contre l’organisation Etat islamique, chassée de ses fiefs en Syrie en 2019. Entre 2016 et 2019, la Turquie a mené trois opérations d’envergure dans le nord de la Syrie contre les milices et organisations kurdes. Ankara répète vouloir créer une « zone de sécurité » large de 30 kilomètres le long de sa frontière sud.