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les juifs condamnés par Mussolini à Trieste

les juifs condamnés par Mussolini à Trieste


Difficile de découvrir les lieux sans avoir un moment de vertige : tout, ici, est de nature à faire tourner la tête. La piazza Unita d’Italia de Trieste est une immense esplanade rectangulaire dont un côté s’ouvre sur l’Adriatique. Bordée par des terrasses de café et des bâtiments officiels, elle donne une vague idée de la puissance de l’ancien carrefour de l’empire des Habsbourg, devenu une ville frontière italienne à la recherche de sa gloire passée. Où qu’il lève la tête, le visiteur apercevra des traces de cet âge d’or.

En regardant vers le sol avec un peu d’insistance, en revanche, il trouvera sur le pavement, non loin des balcons de l’hôtel de ville et à côté de la colonne portant une statue de l’empereur Charles VI, une discrète plaque commémorative, et ces mots, inscrits en italien et en hébreu : « Le 18 septembre 1938, Mussolini a choisi cette place pour annoncer la promulgation des lois raciales antijuives. »

C’est précisément ici, face à la mer, que Benito Mussolini a livré le discours le plus lourd de conséquences de sa carrière, proclamant la nécessité d’« une claire, sévère conscience raciale, qui établisse non seulement des différences, mais aussi de légitimes supériorités ». Qualifiant les juifs d’« ennemis irréconciliables » du fascisme, il annonce alors le lancement de mesures qui, en quelques jours, condamneront les Italiens de confession juive à subir une série de discriminations : interdiction des mariages mixtes, exclusion de l’administration et de toute une série de professions (dont le journalisme), déchéance de nationalité… Bref, la mort sociale.

Monument aux soldats italiens chargés du transport lors de la Grande Guerre, sur la piazza Unita d’Italia, à Trieste (Italie), le 30 juin 2022.
Piazza Unita d’Italia, à Trieste (Italie), le 27 juin 2022. C’est ici que Benito Mussolini a annoncé, le 18 septembre 1938, la promulgation imminente de lois raciales sur le territoire italien.
Détail fasciste sur les colonnes de la piazza Unita d’Italia, à Trieste (Italie), le 27 juin 2022.

Bien sûr, cette politique nouvelle ne s’est pas décidée en un jour. D’abord, il y avait eu le rapprochement avec l’Allemagne, couronné par une visite d’Etat d’Adolf Hitler, en mai 1938. Ensuite la publication, une première fois, dans le Giornale d’Italia, le 15 juillet, puis, le 5 août, dans la revue La Défense de la race, d’un manifeste rédigé par une dizaine de scientifiques et déclarant : « Il est temps que les Italiens se proclament franchement racistes. Toute l’œuvre qui jusqu’à présent a fait le régime en Italie est au fond le racisme. Dans les discours du Duce, la référence aux concepts de la race a toujours été très fréquente. La question du racisme en Italie doit être traitée d’un point de vue purement biologique sans intentions philosophiques ou religieuses. » Cependant, le chef suprême n’avait pas encore parlé. Aussi, beaucoup, malgré l’évidence, continuaient à espérer.

Idée battue en brèche

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