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« Les JO de Paris 2024 pourraient dessiner un été sans festivals »

« Les JO de Paris 2024 pourraient dessiner un été sans festivals »


Personne n’a vu venir le scandale et c’est logique : il n’aurait pas dû arriver. Personne n’imaginait que le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, puisse déclarer que durant les trois mois de l’été 2024 les festivals culturels devront être supprimés ou allégés parce que les policiers et les gendarmes seront concentrés à Paris afin d’assurer la sécurité des Jeux olympiques (JO, du 26 juillet au 11 août). Ce n’est plus une pandémie, le dérèglement climatique ou un conflit social qui pourraient dessiner un été sans festivals. Juste un pays contraint de choisir entre ses fêtes.

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Sait-on ce que signifie d’en arriver à cette extrémité ? Si on en est là, c’est à cause de la place prise par les questions de sécurité dans les festivals. Un non-sujet devenu central depuis les attentats, ceux contre Charlie Hebdo et le Bataclan en 2015, puis à l’issue d’un concert d’Ariana Grande, en 2017 à Manchester, où 22 personnes furent assassinées.

Cette même année 2017, l’Etat a publié un guide de 170 pages sur la sécurité dans les festivals. Le texte transpose en mots une insouciance perdue. Il dit ce que sont devenus nos rendez-vous collectifs. Il porte aussi un enjeu financier qui pèse sur le débat actuel. En 2018, une « circulaire Collomb », du nom du ministre de l’intérieur de l’époque, a officialisé le paiement par les festivals à l’Etat de la mise à disposition de policiers et gendarmes, sauf pour les manifestations à but non lucratif. Il fallait sortir du flou : certains payaient, d’autres pas, selon le bon vouloir des préfets de région.

Des factures « forces de l’ordre »

La circulaire Collomb a davantage provoqué de polémiques qu’elle n’a clarifié les choses. D’abord des festivals musicaux comme Les Vieilles Charrues, en Bretagne, ou les Eurockéennes, à Belfort, pourtant associatifs et à but non lucratif, versent plusieurs dizaines de milliers d’euros à l’Etat alors que le Festival d’Avignon ne paie rien. Comme si le théâtre était jugé plus culturel que le rock. La circulaire a surtout provoqué une hausse phénoménale des factures « forces de l’ordre » de quantité de festivals, menaçant les plus petits, certains ayant même mis la clé sous la porte.

D’où un paradoxe : des festivals, déjà fragilisés par la sécurité de leur propre événement, risquent en 2024 de pâtir pour celle d’un autre. D’autant que rien ne semble trop beau, pour les JO. La cérémonie d’ouverture n’aura pas lieu dans un stade (trop convenu), mais en extérieur, sur 6 kilomètres le long de la Seine et sur l’eau. Sans doute faudra-t-il encore plus de forces de l’ordre pour sécuriser une zone aussi immense, au détriment de qui on sait.

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