Alors que les consommateurs n’ont jamais autant utilisé leurs cartes de crédit, ils sont aussi plus nombreux à accuser un retard sur le paiement de leur solde. Et avec la hausse constante du paiement mensuel minimum exigé depuis 2019, la pilule est dure à avaler.
Les nouvelles ne sont pas bonnes. Selon une enquête publiée par l’agence de crédit Equifax en septembre dernier, l’utilisation des cartes de crédit a atteint des sommets.
Les dépenses mensuelles moyennes par consommateur étaient de 2370 $ au deuxième trimestre 2022, une hausse de plus de 20 % comparativement à la même période l’an dernier.
Pire encore, les personnes dont le pointage de crédit est médiocre ou mauvais ont vu leurs soldes de cartes de crédit augmenter de plus de 16 % par rapport au deuxième trimestre de 2021. Parallèlement, la limite de crédit moyenne accordée pour les nouvelles cartes est désormais de 5800 $, un record depuis les sept dernières années. Autrement dit : la possibilité de s’endetter va croissant et les consommateurs suivent la cadence.
Déjà en hausse marquée
Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner que les défauts de paiement continuent de grimper, alors que 100 000 Canadiens de plus que l’an dernier ont manqué au moins un paiement de crédit. C’est le taux de défaillance pour les cartes de crédit qui a d’ailleurs enregistré la hausse la plus marquée.
Or, 30 % des consommateurs traînent un solde impayé sur leurs cartes de crédit selon l’Association des banquiers canadiens. Sur ce pourcentage, nombreux sont ceux qui se contentent de verser le paiement minimum chaque mois, une proportion qui était évaluée de 15 à 20 % au moment où des changements ont été apportés à la Loi sur la protection du consommateur.
Entrées en vigueur en 2019, ces modifications visent à éviter que les consommateurs soient condamnés à payer éternellement des intérêts sur leurs cartes de crédit, et ce, sans jamais rembourser le capital. La nouvelle réglementation prévoit désormais que le taux du paiement minimum mensuel exigé augmentera de 0,5 % par année jusqu’à atteindre 5 % en 2025. À noter que toutes les cartes mises en circulation depuis août 2019 affichent déjà un taux plancher de 5 %. Pour les cartes émises avant cette date, le paiement minimum a grimpé progressivement pour atteindre 3,5 % le 1er août 2019.
Payer plus, mais moins longtemps
Éric Lebel, associé, redressement et insolvabilité chez Raymond Chabot, remarque que ces hausses font mal aux personnes dont le budget était déjà serré.
« Par exemple, pour un solde de 5000 $ sur une carte à 19,99 % d’intérêt, en 2019, le paiement minimum exigé était de 100 $ par mois. En août 2022, il est passé à 175 $ et en 2025 il sera de 250 $ », illustre-t-il.
Une augmentation mensuelle de 150 $ en quelques années à peine, soit 1800 $ par année. Et encore faut-il que la carte de crédit ne soit pas utilisée davantage !
En revanche, il faut se rappeler que le but de cette réglementation est d’aider les consommateurs à se libérer plus vite de leurs dettes de cartes de crédit.
En ce sens, elle est très efficace, souligne Éric Lebel.
« Il fallait compter 65 ans et un mois pour rembourser un solde de 5000 $ à raison d’un versement minimal de 2 %, ce qui générait 22 415 $ en frais d’intérêt. Au taux actuel de 3,5 %, on passe à 16 ans et un mois et 9349 $ d’intérêts. En 2025, il ne faudra que 10 ans pour payer le solde total, avec 7427 $ en intérêts », illustre-t-il. Moralité : ça va faire mal, mais ça ira mieux ensuite.
Conseils
- L’outil de l’Office de la protection du consommateur permet de calculer les paiements minimums sur les cartes de crédit, la durée du remboursement et de comparer les résultats en fonction des différents taux (opc.gouv.qc.ca/paiementminimum).
- Optez pour des cartes de crédit offrant des taux d’intérêt inférieurs à 19,99 %. Il en existe une trentaine avec des taux de moins de 13 %.
- Vous détenez une marge de crédit ? Si le taux de celle-ci est moindre que celui de votre carte de crédit, vous pourriez l’utiliser pour rembourser votre carte… À condition que cela ne soit pas un prétexte pour vous endetter davantage.
- Si votre situation financière vous préoccupe, consultez un conseiller budgétaire, par exemple dans l’ACEF de votre région. Si rien ne va plus, un syndic en insolvabilité constitue une bonne option.