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Le vrai coût écologique d’un email

Le vrai coût écologique d’un email



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Il n’y a rien de plus basique qu’un email et, pourtant, calculer les émissions qu’il représente en équivalent CO2 (CO2e) n’est pas une tâche aisée.

Il faut pour cela englober tout le cycle de vie de cette communication informatique, car son impact environnemental diffère en fonction du terminal sur lequel il a été créé, la messagerie par laquelle il est expédié, la quantité d’informations qu’il contient (et donc son poids, de l’objet à la signature, pièces jointes comprises) et le temps qu’il faut à son destinataire pour le lire en passant par les infrastructures qui le font circuler qui le stockent.

On doit même pousser les choses jusqu’à s’interroger sur le mix énergétique servant à alimenter en électricité les appareils des correspondants et les serveurs par lesquels il passe. Bref, c’est compliqué, mais pas impossible.

L’impact d’un email a bien baissé, mais on en envoie toujours plus

Évidemment, de nombreuses études ont déjà été menées sur le sujet. Problème, beaucoup d’entre elles — même les plus sérieuses — sont obsolètes. En effet, les terminaux et infrastructures informatiques évoluent rapidement et la réduction de leur consommation énergétique doit être prise en compte dans l’analyse.

Récemment, Mike Berners-Lee, écrivain, professeur et chercheur spécialiste de l’empreinte carbone (qui se trouve également être le frère de l’inventeur du World Wide Web, Sir Tim Berners-Lee), a estimé que les émissions de CO2e d’un email varient globalement entre 0,03 et 26 grammes. Une fourchette assez large qui va d’un courriel simple pris dans les filets du filtre antispam d’une boîte email à un message assez lourd qui a demandé 10 minutes d’écriture envoyé à 100 destinataires.

Entre les deux, un email court envoyé et lu depuis un smartphone émettrait environ 0,2 gramme, et un email long qui demande 10 minutes d’écriture et 3 minutes de lecture, envoyé et lu depuis un ordinateur portable, monterait à 17 grammes. Ces estimations sont tirées de la version mise à jour de son livre How Bad are Bananas – The Carbon Footprint of Everything.

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À noter d’ailleurs que la moitié des quelque 320 milliards d’emails envoyés dans le monde en 2021 (source : Statista) seraient des spams, pour la plupart triés par les messageries. Et qu’en conclusion, Mike Berners-Lee estime que les emails ont représenté environ 150 millions de tonnes de CO2e en 2019, soit 0,3 % des émissions mondiales.

L’Ademe (agence de transition écologique du gouvernement) estime pour sa part qu’un email simple émet 4 grammes de CO2e et qu’un email avec pièce jointe émet 35 g de CO2e. Des estimations beaucoup plus élevées, qui sont finalement souvent celles que l’on retrouve encore dans de vieux documents qui n’ont pas été mis à jour.

Basile Fighiera, consultant en sobriété numérique et expert en mesure d’empreinte, a pour sa part fait un travail très intéressant sur l’email. Il a fait l’objet d’une publication par Sami, qui vend des bilans carbone aux entreprises et institutions. Les chiffres qu’il avance sont encore légèrement inférieurs à ceux de Mike Berners-Lee, de l’ordre de 0,4 gramme de CO2e pour un email court échangé via smartphones, en 4G et sans pièce jointe. 1,8 g pour le même courriel avec une pièce jointe de 10 Mo.

Tandis qu’un email court avec une pièce jointe de 1 Mo envoyé et lu depuis un ordinateur en Wi-Fi est estimé à 3,3 g. Le Wi-Fi étant moins consommateur que l’infrastructure cellulaire, on comprend que c’est l’empreinte carbone du terminal — et donc ici l’ordinateur — qui a finalement une importance clé.

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C’est ce que dit Basile Fighiera, pour qui 69 % de ces 3,3 g de CO2e sont imputables à la fabrication de l’ordinateur qui a servi à l’écrire, et 23 % à celui qui aura servi à le lire. Les consommations d’énergie pendant l’écriture (5 %) et la lecture (2 %), les transferts de données sur le réseau (0,5 %) et le stockage de l’email (0,5 %) ont une incidence minime.

En d’autres termes, pour réduire l’impact environnemental d’un email, il faut allonger la durée de vie des ordinateurs et des smartphones. Comme très souvent en écologie, la vraie sobriété est là, dans la réduction de la manufacture de biens et produits neufs.

La bonne pratique : éviter les emails inutiles, se désinscrire des listes

Très clairement, s’attaquer aux emails n’est — dans ce contexte — pas une priorité absolue lorsque l’on a pour objectif d’agir efficacement sur le réchauffement climatique. Il n’empêche, les tendances statistiques indiquent que l’on pourrait approcher les 400 milliards d’emails envoyés à l’horizon 2025, et comme partout, quelques nouvelles habitudes de sobriété peuvent être adoptées par tous, de manière totalement indolore, pour réduire l’impact de ces messages à titre individuel ou dans le cadre professionnel.

Le maître-mot est simple : un mail qui n’est pas envoyé ne peut pas polluer. On peut ainsi tempérer son recours à l’email, bien trop systématique chez certains, ou les “répondre à tous” pour apporter une information qui n’intéresse qu’une seule personne — et en plus les autres vous remercieront. De même, on va éviter de trop charger les emails, ce qui va de la compression des pièces jointes à la réduction des signatures. Le choix du format texte plutôt que le formatage HTML permet également d’alléger significativement un email, la plupart du temps sans réel effet néfaste.

Enfin, on peut aussi prendre le réflexe de supprimer les historiques intégrés aux longs échanges de courriels. Et surtout, se désabonner de toutes les listes de diffusion inutiles, ce qui engendre également une réduction de la charge mentale.

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