Le projet de Nancy Pelosi, la présidente (speaker) de la Chambre des représentants, de se rendre à Taïwan ne suscite pas seulement la condamnation de Pékin. Il agace passablement la Maison Blanche et le Pentagone. « Je crois que les militaires pensent que ce n’est pas une bonne idée maintenant », a déclaré le président Joe Biden le 20 juillet. Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Zhao Lijian, a dénoncé une telle visite, qui « porterait gravement atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Chine, affecterait gravement les fondations de l’alliance sino-américaine ».
Mme Pelosi, 82 ans, devait initialement se rendre en avril sur l’île mais avait dû reporter son voyage après avoir été diagnostiquée positive au Sars-CoV-2. Il s’agirait de la première visite d’un président de la Chambre depuis celle du républicain Newt Gingrich, en 1997. La réponse de la parlementaire à Joe Biden a plutôt accentué le problème : « Je pense que ce que le président disait, c’est peut-être que l’armée avait peur que mon avion soit abattu. » La pratique veut que ce genre de voyage ait lieu à bord d’un avion de l’armée américaine.
Dissension inhabituelle
La Maison Blanche, selon le New York Times, préférerait que Mme Pelosi annule son voyage, craignant des erreurs d’interprétation et risques d’incidents alors que le président chinois Xi Jinping prépare le 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC). Nul ne sait quand le voyage aura lieu alors que l’agence Bloomberg annonce que M. Biden devrait s’entretenir avec le président Xi ce jeudi 28 juillet, entretien qui était dans les tuyaux depuis dix jours.
Cette dissension publique est inhabituelle, la politique américaine vis-à-vis de la Chine faisant l’objet, depuis de nombreuses années, y compris sous le mandat de Donald Trump, d’un fort consensus transpartisan. Il se conjugue avec une dispute annexe, mais révélatrice de la fébrilité américaine, sur la possible infiltration de la Fed, la réserve fédérale américaine, par les Chinois. Un rapport, publié lundi 25 juillet, se penche sur treize personnes d’intérêt identifiées en 2015 par la Fed elle-même, mais il a été rédigé par les employés de la minorité républicaine du Sénat et a suscité une violente réaction du président de la banque centrale, Jerome Powell : « Nous sommes profondément troublés par ce que nous pensons être des insinuations injustes, non fondées et non vérifiées du rapport concernant certains membres du personnel », écrit M. Powell.
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