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Le « partage de la valeur », chantier miné pour le gouvernement

Le « partage de la valeur », chantier miné pour le gouvernement


Lors de la journée de mobilisation intersyndicale et de grève interprofessionnelle « pour l’augmentation des salaires et la défense du droit de grève », à Paris, le 18 octobre 2022.

Flambée des prix de l’énergie, valse des étiquettes alimentaires, coût du carburant qui reste élevé : en cet automne rongé par l’inflation, les revendications autour de la vie chère restent fortes, et continuent de tenir en alerte le gouvernement. Après la grève dans les raffineries de TotalEnergies en octobre, qui avait occasionné des pénuries dans les stations-service et nécessité un recours aux réquisitions de personnel, la journée de mobilisation syndicale de jeudi 10 novembre avait pour mot d’ordre les hausses de salaires.

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Alors que l’exécutif a déjà dépensé plus de 100 milliards d’euros pour contrer les effets de l’inflation (bouclier tarifaire, chèques énergie…), le sujet, qui s’est recentré du pouvoir d’achat aux rémunérations proprement dites, est épineux. L’inflation devrait dépasser les 5 % sur l’année, alors que les salaires n’ont progressé que de 3,7 % sur un an, selon des données provisoires publiées jeudi par le ministère du travail. Seules exceptions : les minima sociaux et le smic – qui a progressé de près de 8 % en un an – ont été indexés sur l’inflation. « Le gouvernement a déjà agi dans les autres domaines : prix de l’énergie, revalorisation des minima sociaux, point d’indice des fonctionnaires… Mais la pression monte, il se sent obligé de faire quelque chose », résume l’économiste Philippe Martin, doyen de l’Ecole d’affaires publiques à Sciences Po.

Dans son interview sur France 2, le 26 octobre, Emmanuel Macron avait fermement écarté la possibilité d’indexer les salaires sur l’inflation – un mécanisme abandonné par la France en 1983 et qui fait craindre d’alimenter une « boucle prix-salaires », autrement dit de jeter de l’huile sur l’incendie inflationniste. Mais le chef de l’Etat a remis dans le débat une promesse de campagne du printemps : le dividende salarié. « Quand vous avez d’un seul coup une augmentation des dividendes pour vos actionnaires, alors l’entreprise doit avoir un mécanisme qui est identique pour les salariés », avait-il expliqué, alors que le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, martèle régulièrement que c’est aux entreprises d’augmenter les salaires, après les milliards dépensés par l’Etat durant la crise du Covid-19 et depuis le début de la guerre en Ukraine.

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« Cohérent avec l’idéologie macroniste »

Jusqu’ici, le gouvernement a surtout mis en avant les mécanismes développés durant le premier quinquennat pour associer les salariés aux performances des entreprises : l’intéressement, dont le recours a encore été assoupli dans la loi pouvoir d’achat cet été, la participation (obligatoire à partir de 50 salariés) et la « prime Macron » défiscalisée. Renommée « prime de partage de la valeur » depuis cet été et le triplement de son plafond (de 2 000 à 6 000 euros que peut verser l’employeur), cette dernière a vu son montant moyen passer de 550 à 710 euros et a déjà bénéficié à 2,5 millions de salariés cette année, a opportunément indiqué Bercy cette semaine.

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