Dans ses dernières perspectives pour le système électrique dans les mois à venir, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) se montre plutôt rassurant pour l’hiver à venir mais met en garde sur les risques que pourraient faire peser les grèves dans les centrales nucléaires d’EDF.
Jusqu’ici tout va bien. Voilà comment on pourrait résumer les perspectives de RTE pour le système électrique sur la période allant de mi-octobre à mi-novembre qui correspond au début de la période de vigilance. Initiées au mois de septembre, ces analyses sont désormais réactualisées tous les mois par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité.
« L’évolution des différents paramètres depuis un mois crédibilise, pour le coeur de l’hiver, le scénario central de RTE présenté le 14 septembre », résume le document.
Une consommation d’électricité déjà en baisse
Plusieurs éléments permettent au gestionnaire d’afficher son optimisme. D’abord, la consommation d’électricité structurelle, c’est-à-dire avec la correction des aléas métérologiques, est à la baisse. Une inflexion qui s’explique naturellement par la hausse des prix de l’énergie et qui est logiquement portée par les industriels, très largement exposés à cette flambée des tarifs. Par ailleurs, le déploiement progressif du plan de sobriété devrait accentuer cette tendance dans les prochaines semaines.
Comme BFM Business l’indique chaque semaine dans son tableau de bord de l’énergie, les réserves de gaz ont déjà atteint leur maximum technique tandis que les stocks hydrauliques se rapprochent de leur niveaux habituels à cette période de l’année « du fait de la gestion prudente par les exploitants ». « Il s’agit d’un facteur positif qui permet d’aborder plus sereinement l’hiver », poursuit RTE. D’autant plus qu’il est peu probable que des vagues de froid sévères surviennent avant la Toussaint.
« Compte tenu de ces éléments, RTE anticipe un très faible risque pour la sécurité d’approvisionnement des deux prochaines semaines et un risque modéré début novembre », souligne le gestionnaire qui maintient son diagnostic de vigilance sur l’hiver.
Les grèves chez EDF sont une zone d’ombre majeure
Cependant, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité conditionne la réalisation effective de ces prévisions à un facteur de taille récemment apparu dans le paysage français de l’énergie. Comme évoqué depuis plusieurs semaines, notamment par les membres de l’exécutif, EDF est engagé dans une course contre-la-montre afin de relancer le plus grand nombre de ses réacteurs nucléaires dont une part importante est immobilisée en raison de travaux de maintenance ou contre le phénomène de corrosion. Actuellement, 25 structures sur les 56 que gère l’énergéticien ne fonctionnent pas.
« Les dernières semaines ont confirmé le bon avancement des travaux relatifs à la corrosion sous contrainte, constate RTE. Cet état des lieux confirme que la présence des réacteurs affectés par le phénomène de corrosion sous contrainte et priorisés pour réparation à l’automne est en grande partie « dérisquée » sur le plan technique et industriel. Il crédibilise la perspective d’une disponibilité de 45 GW au cœur de l’hiver. »
Le problème est que depuis la semaine dernière, un mouvement social gagne les centrales nucléaires d’EDF et la moitié d’entre elles étaient touchées à la fin du week-end dernier. Dans l’état actuel, ces grèves ne présentent pas encore un risque conséquent quant à l’approvisionnement énergétique durant l’hiver mais l’horizon pourrait s’obscursir en cas de poursuite du mouvement.
« Une prolongation du mouvement social aurait des conséquences lourdes sur le cœur de l’hiver », insiste le gestionnaire.
« Cette situation ne remet pas en cause, à date, la trajectoire centrale présentée par RTE pour les mois de décembre et janvier. Elle fait néanmoins peser une hypothèque réelle sur la disponibilité du parc au cours du mois de novembre. »
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