«Tout le monde est le bienvenu au Qatar»: c’est par ces mots que Nasser Al Khater, directeur général de la Coupe du monde de soccer 2022 dans ce pays, a souhaité apaiser la polémique concernant l’acceptation des personnes de la communauté LGBTQ+ qui souhaiteraient venir encourager leur équipe. À la vue de la situation sur place pour les gens du pays, c’est tout le contraire.
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Lors de sa tentative d’apaiser l’une des polémiques parmi tant d’autres qui entourent l’organisation et la tenue de la Coupe du monde de soccer dans ce pays de la péninsule arabique, M. Al Khater a pu expliquer qu’«au-delà des marques publiques d’affection, tout le monde est libre de vivre sa vie».
Par contre, le site anglais inews nous a appris l’inverse. En fait, la communauté LGBTQ+ sur place n’est absolument pas libre de vivre sa vie et est même sujette à des sévices commis par l’État qui seraient assimilables à des crimes au Canada.
L’homosexualité est puni par les sanctions prévues par la charia au Qatar. Avec la Coupe du monde de soccer qui arrive à grands pas, le pays cherche à tout prix à cacher cette réalité aux nombreux visiteurs qui seront présents sur place.
Des sévices «atroces»
Harcèlements, agressions physiques et sexuelles, viols, mutilations et stratagèmes d’enlèvement par l’intermédiaire des applications de rencontre en ligne… voilà quelques exemples de ce que peut subir une personne de la communauté LGBTQ+ qatarie, ou provenant d’un pays qui n’est pas une grande puissance, si elle se fait attraper au Qatar.
Le responsable de l’enquête et de nombreuses associations s’inquiètent aussi de la possibilité pour les visiteurs de la coupe du monde de connaître le même sort.
Pour Nasser Mohammed, l’unique personnalité LGBTQ+ qatarie ayant fait son «coming out» et vivant loin de son pays, à Los Angeles, ceux-ci n’auraient rien à craindre.
Par contre pour M. Mohammed, bien que les partisants ne risquent rien, les citoyens du pays pris en flagrant déli de relation homosexuelle avec un de ces visiteurs pourraient se voir infliger les divers sévices énoncés plus haut.
Utilisant la comparaison, le journaliste responsable de l’enquête, Patrick Strudwick, prend aussi pour exemple une publicité mettant en vedette la légende du soccer David Beckham.
Dans cette annonce, on voit l’ancien joueur des clubs Real Madrid et Manchester United à bord d’un bateau voguant à haute vitesse le long de la côte de Doha, la capitale du Qatar. Il explique que les Qataris sont fiers de leur culture et de la fusion entre tradition et modernité. Il vante aussi le pays comme étant superbe, magique et accueillant.
En opposition, le journaliste rapporte que c’est donc tout le contraire pour les différentes sources LGBTQ+ sur place qui lui ont permis de réaliser son enquête. Il serait même dangereux de parler anonymement de sa situation sexuelle en tant que minorité du fait de l’omniprésence dans toutes les couches de la société et dans tous les canaux de communication du ministère de la Sécurité préventive, une police morale de type orwellien omniprésente sur le territoire qatari.
Malgré ces difficultés, M. Strudwick a pu receuillir plusieurs témoignages précis dont un glaçant d’une personne bisexuelle de sexe féminin qui explique avoir été battue plusieurs fois à en perdre conscience jusqu’à ce qu’elle signe un document où elle a juré qu’elle abandonnait toute pratique immorale. Le reportage rapporte aussi l’existence de multiples camps de conversion pour personnes de la communauté LGBTQ+, chose que le Qatar nie jusqu’à présent.
La Coupe du monde des scandales
Si ce genre de pratiques n’est pas unique au Qatar (des pays arabes comme l’Égypte pratiquent aussi ce genre d’atrocités), cela s’inscrit dans l’ensemble de polémiques avec lesquelles le pays doit vivre depuis l’attribution de la Coupe du monde de soccer le 2 décembre 2010.
Soupçons de votes achetés et de pots-de-vin versés aux membres du comité directeur de la Fédération internationale de soccer (FIFA), travailleurs étrangers morts par milliers dans des conditions inhumaines sur les chantiers des stades du tournoi, etc., l’organisation de cette édition souffre de nombreux scandales qui menacent de ternir la réputation de la compétition la plus suivie au monde, du sport le plus pratiqué sur la planète.
Quant aux polémiques concernant les personnes de la communauté LGBTQ+ sur place et qui seront des visiteurs du tournoi, elles ont aussi été nombreuses. Récemment, le ministre des Affaires étrangères britannique a invité les personnes membres de la diversité sexuelle à se contrôler et «à faire profil bas» pendant la compétition.
La Coupe du monde de soccer aura lieu du 20 novembre au 18 décembre 2022 au Qatar.