Gel des prix de l’électricité et du gaz, chèques énergétiques, remises sur les prix du carburant, soutien aux entreprises et aux ménages… Depuis un an, la France a multiplié les dépenses et déboursé des milliards pour aider les consommateurs à faire face à la flambée des prix. Dans un rapport publié lundi 21 novembre, le Fonds monétaire international (FMI) estime toutefois que Paris doit commencer à assainir ses finances, et ce dès l’an prochain.
Les dépenses de la France, évaluées par le FMI à plus de 2 % de son PIB, ont pesé sur des finances publiques déjà très dégradées par la pandémie de Covid-19, durant laquelle le gouvernement a notamment financé le chômage partiel et les fermetures de commerces au titre du « quoi qu’il en coûte ».
Après ces deux crises et au moment où les aides liées à la pandémie se sont estompées, « il est justifié de commencer la consolidation budgétaire en 2023 », écrit le FMI dans les conclusions d’une mission d’évaluation économique de la France, connue sous le nom d’« article IV ».
Or, ce n’est pas le chemin que prend Paris, relève l’institution de Washington, notant que « la loi de finances 2023 ne cible pas une réduction du déficit, reportant l’ajustement budgétaire à 2024 ». Le gouvernement table sur un déficit public de 5 % l’an prochain, après 4,9 % cette année,
Crainte d’un « léger creusement du déficit »
Dans son document publié lundi, le FMI, qui table toujours sur une croissance de 0,7 % l’an prochain en France, craint « un léger creusement du déficit » en 2023, citant la prolongation des mesures énergétiques et la poursuite de la suppression d’impôts de production pour les entreprises.
Pourtant, un ciblage des aides en matière énergétique pourrait, « en grande partie », permettre un resserrement budgétaire d’un quart de point de PIB, calcule le FMI, citant aussi un éventuel report des réductions d’impôts de production.
A plus long terme, le déficit français devrait rester au-dessus du niveau auquel il stabilise la dette, anticipe aussi le FMI, qui craint un creusement de l’écart « déjà important » avec les pays européens comparables.
Il appelle à « un ajustement soutenu » pour ramener le déficit à 0,4 % du PIB d’ici à 2030, en s’appuyant sur la réduction de la croissance des dépenses courantes, notamment celles liées à la pandémie et à la crise énergétique.
Le Fonds monétaire international met également l’accent sur les réformes structurelles, à travers le recul de l’âge de départ à la retraite, l’achèvement de la réforme de l’assurance-chômage, la rationalisation de certaines dépenses (combustibles fossiles ou logement), et celle des effectifs de la fonction publique.