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« Le constat sans appel de l’étendue de l’inégalité des chances en France devrait provoquer un électrochoc »

« Le constat sans appel de l’étendue de l’inégalité des chances en France devrait provoquer un électrochoc »



La France est un pays où la mobilité sociale intergénérationnelle est extrêmement faible, juste après les États-Unis, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cela signifie que le rang des enfants dans la distribution des revenus de leur cohorte est fortement corrélé au rang de leurs parents. Cette constatation est issue d’une étude comparant cette corrélation dans onze pays à partir des revenus déclarés à l’administration fiscale.

La mobilité sociale en France est beaucoup plus faible qu’en Suisse, en Espagne, en Australie ou au Canada. La France possède pourtant un système éducatif et de protection sociale plus généreux que les États-Unis. Ainsi, comment se fait-il que la mobilité sociale y soit presque aussi faible qu’aux États-Unis ? Une partie de l’explication se trouve dans les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur.

Une autre étude souligne que seul 35 % des jeunes dont les parents appartiennent au décile le plus bas de la distribution des revenus accèdent à l’enseignement supérieur, tandis que ce taux monte à près de 90% chez les jeunes dont les parents appartiennent au décile le plus élevé. Même si une année d’université en France est quasi-gratuite, le très faible taux de réussite en licence, en particulier parmi les bacheliers technologiques ou professionnels, conduit probablement certains jeunes de milieu populaire à renoncer aux études supérieures.

Les jeunes issus de milieux défavorisés accèdent moins aux filières sélectives de l’enseignement supérieur, telles que les classes préparatoires, les écoles post-bac ou les grandes écoles, même à des résultats scolaires identiques au baccalauréat. La répartition géographique inégale de ces formations sur le territoire explique en partie ce phénomène car, à performance scolaire et origine sociale égales, les élèves ont plus de chances de candidater en classe prépa ou en BTS lorsque ces formations existent dans ou près de leur lycée.

Il est important de souligner l’étendue des inégalités des chances en France pour provoquer un électrochoc. Plusieurs interventions ont été évaluées pour réduire ces inégalités, telles que le dédoublement des classes de CP et de CE1 en Réseau d’éducation prioritaire (REP+), qui a réussi à réduire de 38 % l’écart de performance en mathématiques entre les élèves de la REP+ et le reste des élèves, et de 16 % l’écart de performance en français. Toutefois, on ne sait pas encore si ces effets sont durables pour réduire les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur.

En fin de compte, la France doit s’attaquer aux inégalités d’accès à l’enseignement supérieur si elle souhaite améliorer la mobilité sociale. Tous les étudiants devraient avoir une chance équitable de réussir, indépendamment de leur origine sociale.

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