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Le Caire sentimental du photographe Denis Dailleux

Le Caire sentimental du photographe Denis Dailleux


Des enfants jouent sur les bords du Nil lors de la fête de Cham el-Nessim, qui marque le début du printemps. Un garçon se tient à l’écart. Il regarde au loin, la main sur le cœur. Parmi les milliers de photographies que Denis Dailleux a réalisées en Egypte pendant les trente années qu’il a consacrées à ce pays, elle est sa préférée. « Il était ­différent des autres, sa vie difficile. J’ai voulu le mettre en lumière. J’ai vécu un moment très fort et c’est rare qu’il y ait une image à la hauteur de ce que je ressens », explique le photographe âgé de 64 ans, membre de l’agence VU.

L’approche, sensible et généreuse, et l’esthétique, puissante, de Denis Dailleux se retrouvent dans ce cliché en forme d’hommage qui clôt sa monographie Misr – le nom arabe romanisé de l’Egypte –, née de son immersion des quartiers populaires du Caire aux palmeraies du Nil.

« J’ai tout de suite vu du bonheur dans la rue, une jouissance du moment et beaucoup d’excentricité. » Denis Dailleux

« L’Egypte m’a tout offert, elle m’a révélé », confie-t-il, tombé amoureux de ce pays. Il y a d’abord eu la passion pour Chérif, l’Egyptien, rencontré dans le métro parisien. Denis Dailleux est alors fleuriste chez le créateur floral Christian Tortu. Monté à Paris de son Anjou natal, il n’arrive pas à percer dans la photographie. Son premier voyage en Egypte, en 1992, avec son petit ami, va tout changer. « J’ai eu un choc en arrivant, ça a été un coup de foudre », se souvient-il.

L’odeur âcre de la ville et la végétation face à l’appartement de Chérif le bouleversent. « J’ai tout de suite vu du bonheur dans la rue, une jouissance du moment et beaucoup d’excentricité. Il y a un chaos poétique au Caire, même dans la saleté. » La découverte du monde des bawabs, ces gardiens d’immeuble en galabeya (longue robe traditionnelle et turban) qui vivent dans le plus grand dénuement, est un second choc.

Ambiance enfiévrée de la nuit

L’oisiveté de la bourgeoisie, à laquelle appartient Chérif, le laisse insensible, à la différence du bouillonnement des quartiers populaires du Caire et de l’atmosphère bucolique des berges du Nil. C’est là qu’il retournera inlassablement les années suivantes avec Chérif en assistant et, plus tard, seul quand il s’installera au Caire pour une quinzaine d’années. « J’ai grandi avec une grand-mère bonne dans un château. J’ai été là où je devais être, ça correspondait à ce que je suis, à mon parcours, qui a été dans la marge. J’étais enchanté par cette culture populaire qui était d’une beauté énorme. J’ai besoin de ressentir de la tendresse et de l’empathie pour les gens que je photographie, il faut que je les aime », dit Denis Dailleux.

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