Oyez ! Oyez ! Vous êtes invités à venir vendanger ! Depuis la butte Montmartre, haut-lieu du tourisme parisien, l’appel est lancé. Samedi 8 octobre, la fête des vendanges battra son plein dans la capitale. Pas sûr toutefois que les grappes cueillies sur le millier de pieds plantés dans le Clos-Montmartre pèsent lourd dans la balance viticole nationale. Le ministère de l’agriculture n’a d’ailleurs pas attendu le verdict parisien pour livrer, vendredi 7 octobre, sa nouvelle estimation de la vendange 2022. Elle devrait atteindre les 44,6 millions d’hectolitres.
Pour la filière viticole, ce résultat est un soulagement. D’abord, parce que le niveau des cuves, en 2021, n’avait pas été à la hauteur des espérances. Tant s’en faut. Le gel du printemps puis des épisodes de grêle avaient pulvérisé une partie des fruits. Résultat, les vignerons n’avaient guère de grain à mettre sous les dents du pressoir et la production française sombrait à 37,8 millions d’hectolitres. Mauvaise pioche pour les agriculteurs. D’autant qu’un an plus tôt, en pleine crise due au Covid, avec la fermeture des bars et restaurants, les professionnels avaient demandé une aide pour distiller le vin stocké dans les caves, de peur du trop-plein.
La pression était donc forte cette année sur les pressoirs. Au départ, le feuilleton météo paraissait très favorable malgré quelques épisodes de froid et de grêle. Mais, avec l’été, le thermomètre s’est affolé, et la pluie s’est fait désirer. L’inquiétude a commencé à monter dans les vignobles quand les grains ont tardé à prendre de l’embonpoint. Heureusement, de nombreux vignobles ont reçu une eau salvatrice avant les premiers coups de sécateur. Le bon vent de la vendange…
Paysage rosé
Les vignerons ont donc retrouvé le sourire pour commencer la récolte, une nouvelle fois marquée par sa précocité. Avec un double motif de satisfaction : au-delà de la quantité, la qualité était au rendez-vous. Avec la sécheresse, les vignes n’ont pas été attaquées par le mildiou ou l’oïdium, et les grappes étaient saines. Le millésime 2022 marque ainsi un rebond de près de 18 % de la production viticole nationale et recèle beaucoup d’espoirs de beaux flacons.
Ce paysage viticole rosé mérite toutefois d’être nuancé. Comme toujours, Dame Nature, capricieuse, ne gratifie pas chacun de la même manière. Les Champenois sont à la fête. Ils ont décidé de faire sauter les plafonds de rendement fixés par l’appellation. Ils sont passés cette année de 15 000 à 16 500 kilos par hectare. De quoi reconstituer les réserves personnelles des vignerons, instaurées pour amortir les chocs. Et répondre à la soif du célèbre vin à bulles, de plus en plus prisé à l’international. « Sur douze mois glissants, d’août 2021 à août 2022, les expéditions sont en progression de 14,7 % à 335 millions de bouteilles », précise Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de Champagne.
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