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Le blues des librairies francophones à l’étranger, confrontées à des délais trop longs et à des coûts élevés

Le blues des librairies francophones à l’étranger, confrontées à des délais trop longs et à des coûts élevés


La Librairie Stendhal, à Rome, le 25 novembre 2022.

« Est-ce qu’on veut encore des librairies françaises à l’étranger ? » Marie-Eve Venturino, à la tête de la Librairie Stendhal à Rome, n’a pas de mots assez cinglants pour critiquer « leur abandon, lié à une absence de courage et de volonté politique ». En plein cœur de la capitale italienne, place San Luigi dei Francesi, elle propose 17 500 références, avec un fort tropisme pour la littérature et les sciences humaines.

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Pendant la pandémie de Covid-19, pour faire face aux difficultés de cette institution romaine, sa directrice a lancé une campagne de financement participatif et s’est battue de haute lutte pour que son bailleur lui fasse cadeau de trois mois de loyer. Elle déplore « la jungle commerciale » que sa librairie, sauvée aujourd’hui, doit affronter, et détaille, calculette à la main, les handicaps qui plombent ses comptes.

« Le coût du transport représente 8 % de notre chiffre d’affaires (contre 2 % dans l’Hexagone), le livre est vendu plus cher qu’en France, puisque la loi Lang sur le prix unique ne s’applique pas hors de l’Hexagone, les loyers en centre-ville sont très chers », énumère-t-elle. Sans compter les autres frais des éditeurs, comme Hachette, le seul qui s’octroie 5,5 % de « prix export » sur chaque livre vendu à l’étranger, ou encore les frais d’emballage des livres, qui alourdissent encore la note de 2 % à 3 %.

« Discriminant »

« Au total, vendre un livre me coûte 12 % plus cher qu’à mes confrères libraires en France », détaille Marie-Eve Venturino. « Je dois donc augmenter le prix de vente des livres, mais si je les commercialisais 20 % plus cher, je perdrais ma clientèle et je me tirerais une balle dans le pied. » Un dilemme auquel est confrontée toute cette petite communauté des plus de 150 librairies françaises expatriées. Selon l’inflation et le pouvoir d’achat local, la stratégie de chacune de ces maisons obéit à une situation géopolitique et économique différente, parfois très tendue, comme au Liban, en Syrie ou en Egypte.

Le 10 novembre, aucune des librairies françaises en Europe n’avait reçu le prix Goncourt, décerné une semaine plus tôt

A Sao Paulo, au Brésil, Silvia Monteil (Livraria Francesa) se lamente sur le « doublement des frais de port après la pandémie ». Etouffée par les charges, elle a dû quitter le centre-ville, trouver un magasin trois fois plus petit, passant de 400 à 150 mètres carrés pour y caser son offre pléthorique (30 000 exemplaires en rayon). Les délais de livraison restent démesurément longs, en moyenne de quarante jours, puisqu’un minimum de 100 kilos de colis est requis pour le transport par avion.

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