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L’Afrique subsaharienne souffre d’un Internet trop cher

L’Afrique subsaharienne souffre d’un Internet trop cher



Les prix élevés des données mobiles en Afrique subsaharienne ont provoqué des protestations des consommateurs et des appels au boycott. En Côte d’Ivoire, les trois opérateurs de télécommunications (Orange, MTN et Moov) ont diminué le volume de données incluses dans les forfaits 4G, tout en maintenant leurs prix, ce qui a provoqué un tollé chez les consommateurs. La situation n’est pas nouvelle dans la région, où le coût des données mobiles est relativement élevé par rapport au reste du monde. Les données compilées par l’Alliance pour un Internet Abordable montrent que les Africains ont dépensé en moyenne plus de 9,5 % de leurs revenus bruts en 2021 pour s’acheter un gigaoctet, contre les 2 % recommandés. En valeur absolue, le coût moyen du gigaoctet atteint 4,47 dollars en Afrique subsaharienne, contre 2,72 dollars en Europe de l’Ouest. Alors que certains pays d’Afrique subsaharienne comme le Togo, la Namibie ou le Botswana dépassent les 10 dollars le gigaoctet, la France se situe à 0,23 dollar.

La directrice Afrique subsaharienne de GSMA, l’association internationale des opérateurs télécoms, Angela Wamola, indique que ce n’est pas un problème d’offre mais de demande. Selon elle, l’infrastructure est là et les investissements ont été faits, mais l’Internet mobile fonctionne comme un produit de grande consommation : si vous voulez baisser les prix, il vous faut plus de gens pour consommer le service. Concernant les raisons pour lesquelles les coûts sont élevés, l’industrie affirme que c’est en raison de la taille réduite des marchés. Si la classe moyenne peut s’offrir les smartphones asiatiques qui inondent les échoppes et les forfaits prépayés qui vont avec, la « fracture numérique » reste prononcée, notamment dans les zones rurales. En effet, les trois quarts des Subsahariens n’utilisent pas du tout Internet, selon une étude de la Banque mondiale de 2020. La 3G ou la 4G ne les couvre pas toutes, les smartphones restent inaccessibles pour beaucoup (environ 40 dollars) et les données mobiles restent hors de portée pour la plupart des ménages.

D’après Thecla Mbongue, analyste pour le cabinet Omdia basé à Johannesburg, la situation s’est améliorée ces dernières années. En 2021, le prix moyen du gigaoctet se situait à 6,44 dollars en Afrique subsaharienne, selon le Worldwide Mobile Data Pricing, soit 2 dollars de plus qu’en 2022. Les investissements considérables des opérateurs télécoms africains au cours des vingt dernières années ont été particulièrement coûteux. Contrairement à de nombreuses régions du monde, les opérateurs télécoms africains n’ont pas pu s’appuyer sur des infrastructures historiques comme les systèmes filaires en dehors des zones urbaines aisées. Ils sont partis de zéro et tentent de rentabiliser leurs réseaux aussi vite que possible, ce qui a également entraîné des coûts élevés de l’électricité, le manque de serveurs sur le continent et la fiscalité. La Banque mondiale a mené une étude avec GSMA au Nigeria en 2020, selon laquelle la proportion de foyers en situation d’extrême pauvreté a diminué de 7 % après au moins deux années d’accès à Internet. L’accès à Internet a un impact considérable sur la réduction de la pauvreté parce qu’il crée des millions d’opportunités d’emplois, notamment pour les jeunes.

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