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La vidéo d’une étudiante précaire relance le débat sur un système de bourses à bout de souffle

La vidéo d’une étudiante précaire relance le débat sur un système de bourses à bout de souffle


La vidéo de Maëlle B. (qui n’a pas souhaité donner son nom), étudiante de 20 ans à Sciences Po, a été vue 7 millions de fois sur le réseau social Tik Tok. Lundi 31 octobre, la jeune fille, en plan serré, y a relaté la précarité qui l’assaille depuis qu’elle a vu fondre le niveau de sa bourse d’études, versée par le centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Paris. « Combien d’heures vais-je devoir travailler en plus de mes études pour pouvoir juste payer ma vie ? », déclarait-elle, des sanglots dans la voix.

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Au motif que ses parents ont déménagé à Mayotte, où les salaires sont majorés, compte tenu du coût de la vie courante dans les DOM, le Crous a rétrogradé l’étudiante de l’échelon 4 à l’échelon 0 bis, soit une aide dont le montant est passé de 396 euros à 100 euros entre le début de ses études et aujourd’hui.

L’ouverture d’une cagnotte en ligne par Maëlle, encouragée par les internautes, lui a permis de collecter, en quelques heures, plus de 14 000 euros, jusqu’à ce qu’elle décide de clore l’opération. « Vous venez de changer ma vie », a-t-elle conclu dans une seconde vidéo, où elle promet de reverser une part de la manne à des associations de soutien aux étudiants.

« Me voilà devenue porte-parole des étudiants précaires »

Faut-il faire le buzz pour pouvoir payer ses études lorsqu’on vient d’un milieu modeste ? Derrière cette situation caricaturale, c’est la question que pose l’étudiante, qui suit un double diplôme délivré par Sciences Po en partenariat avec l’Université libre de Berlin, où les deux premières années ont lieu sur le campus de Sciences Po, à Nancy, et les deux suivantes dans la capitale allemande, où Maëlle réside désormais, avec un loyer de 400 euros.

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« Me voilà devenue porte-parole des étudiants précaires, je veux bien endosser le rôle, commente-t-elle auprès du Monde. Car tant que les étudiants ne parlent pas, personne ne fait rien », poursuit la jeune femme, en rappelant le cas d’Anas, un jeune homme qui était allé jusqu’à s’immoler par le feu devant le Crous de Lyon, en novembre 2019.

L’affaire est emblématique de la rigidité caractérisant le système d’allocation des bourses, qui repose exclusivement sur les ressources des parents, sans prendre en compte le « reste à vivre » réel de l’étudiant. Le père de Maëlle est au chômage, et sa mère, agent public à Mayotte, perçoit une majoration de 45 % de son traitement ainsi qu’une aide au loyer liées à la « vie chère » dans les DOM. « Ce sont des aides de consommation directe pour mes parents, elles ne me concernent absolument pas et n’augmentent pas leur capacité à m’aider financièrement, souligne l’étudiante. Si ma mère travaillait encore en métropole, elle toucherait 1 700 euros de salaire et je reviendrai à l’échelon 3 ou 4 pour le Crous. »

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